28 octobre 2013
La Vestale ressuscitée

Alors que l’Opéra de Paris fait revenir avec Aida un grand classique sur sa scène, le Théâtre des Champs Elysées joue la carte de la rareté pour son ouverture de saison lyrique. Pourtant, à sa création en 1807, La Vestale de Spontini fut un grand succès, avant que Rossini et le bel canto italien n’éclipsent la gloire d’un compositeur qui les inspira à plus d’un titre et que Berlioz tenait dans la plus haute estime. Sévèrement jugée par la critique, la production d’Eric Lacascade se contente surtout d’une illustration plutôt épurée de cette histoire de sacrifice antique – rien qui ne risque de déranger le public bourgeois du parterre de l’avenue Montaigne. Comme souvent chez les novices à l’opéra des metteurs en scène venus du théâtre, les chœurs sont traités avec maladresse, et l’on croit les animer en leur faisant agiter les bras.

Excepté le Cinna de Jean-François Borras, les surtitres se révèlent trop souvent nécessaires pour suivre l’action, alors que l’écriture de Spontini ménage avec une intelligence exceptionnelle l’intelligibilité de la déclamation française, ce qu’a bien compris Jérémie Rohrer, dont l’orchestre Le Cercle de l’Harmonie semble se bonifier au fil des représentations. Dans un rôle-titre redoutable, Ermonela Jaho ne s’en tire pas moins avec les honneurs et livre une incarnation fort estimable – l’invocation au deuxième acte, rendu célèbre par Maria Callas, constitue un grand moment de la soirée. Public chaleureux mais bien épars en ce vendredi de vacances de la Toussaint pour cette résurrection attendue – et imparfaitement comblée.  Il faut dire que le public du Théâtre des Champs Elysées est de ceux à pouvoir s’exiler à l’arrivée de l’hiver dans des latitudes plus douces…

GC

La Vestale, Théâtre des Champs Elysées, jusqu’au 28 octobre 2013

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