23 septembre 2012
La tumeur est dans le pré

Voilà. Maintenant on sait. Les photos de ces rats avec des tumeurs grosses comme des balles de ping-pong se sont étalées dans tous les médias, que ce soit la télévision ou la presse écrite. Dans le Monde selon Monsantode la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien,  Marie-Monique Robin avait dénoncé dès 2008 les agissements ô combien immoraux de cette multinationale américaine qui fabrique et a commercialisé PCB, organismes génétiquement modifiés en passant par l’agent orange, l’hormone bovine de croissance, ou l’herbicide Roundup. Que du poison. Pour nos sols, nos bêtes et nous. A propos du Round up Ready, ce maïs OGM qui renferme en lui même son herbicide-le film donnait  la parole à des scientifiques de différentes universités dans le monde qui racontaient les pressions subies suite à leurs études mettant en cause son effet sur la santé publique, la plupart affirmant avoir été fortement incités par leur tutelle à ne pas communiquer, pour ne pas compromettre le développement des OGM…Six ans après, l’étude choc sur les effets des OGM sur les rats que vient de conduire  le biologiste Gilles-Eric Séralini, déclenche enfin, depuis mercredi 19 septembre, une tempête médiatique, amenant-tardivement- le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, à déclarer « vouloir revoir les procédures d’homologation des organismes génétiquement modifiés au sein de l’Union européenne ». Tumeurs mammaires chez les femelles, troubles hépatiques et rénaux chez les mâles, espérance de vie réduite sur les animaux des deux sexes, le constat est sans appel; portant sur un total de plus de 200 rats, et pendant deux ans, elle donne ainsi à voir visuellement  les effets d’un régime alimentaire composé de trois doses différentes du maïs transgénique (11 %, 22 % et 33 %), cultivé ou non avec du Round-up. De quoi rendre  plus de 70 % des personnes interrogées inquiètes sur la présence d’OGM (les 30% restant ne devant pas avoir de lunettes) dans leur alimentation tandis que les premières défenses se mettent bien sûr en place. Ainsi a-t’on pu lire que ces rats étaient des rats sujets naturellement aux tumeurs-bah voyons…, ou que les protocoles n’avaient pas été bien respectés-critiques émanant de chercheurs qui sont subventionnés ou consultant par ailleurs  de l’industrie chimique…Comme pour les médicaments, c’est en effet l’industriel qui réalise lui-même les études sur les risques éventuels de son produit lors de sa mise en place et les soumet à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), compétente depuis 2003. Etudes qui durent trois mois, notamment pour en limiter les coûts (ces pauvres firmes, il ne faudrait pas les étrangler tous de même…) sans compter que  l’impartialité de l’Efsa a sérieusement été mise en doute depuis que sa présidente, Diana Banati, a dû démissionner pour cause de conflit d’intérêts (elle était aussi membre de l’International Life Science Institute, le lobby de l’industrie chimique). Et que l’appât du gain concerne tout le monde, y compris les scientifiques, souvent très mal rémunérés…Vous n’êtes donc pas prêt d’en finir avec les cochonneries mortelles dans vos assiettes.

 

Par Laetitia Monsacré

A noter, Marie-Monique Robin vient de réaliser pour Arte un troisième volet de son enquête, Les Moissons du futur dans lequel elle montre la solution alternative qu’offre l’agrobiologie, respectueuse de l’homme, de la nature mais pas des dividendes des actionnaires des groupes chimiques…Diffusion en octobre, DVD disponible le 24 octobre

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