23 octobre 2013
Renaud Meyer/ La rigueur bienheureuse

Tout est parti d’une biographie: deux êtres plongés dans l’écriture et l’alcool. Les candidats à ce stade sont nombreux… Mais c’est sur Zelda Sayre et Scott Fitzgerald que Renaud Meyer s’est penché il y a deux ans et demi pour écrire une des pièces de théâtre les plus réjouissantes de la rentrée. Juriste de formation, ce fils de comédien a fini à trente ans par retrouver le chemin des planches comme comédien et quitter celui du droit. En reste toutefois une rigueur évidente dans ses oeuvres avec très vite « l’écriture qui est arrivée, pour ne pas dépendre que du désir de l’autre »; au départ des romans, des fictions pour la radio puis l’écriture théâtrale qu’il enseigne d’ailleurs aujourd’hui à la Sorbonne nouvelle. « Passer de l’un à l’autre est très difficile, dans le théâtre, il faut que ça bouge ». Nul doute que pour ce Zelda et Scott,  il y soit parvenu, assurant également la mise en scène,  mécanique bien rompue et réglée au cordeau -ce qui semble parfaitement  normal pour ce perfectionniste, amoureux de l’esthétisme. Le succès est au rendez-vous et l’auteur-metteur en scène particulièrement heureux de répondre aux questions dans le foyer de ce théâtre qu’il  hante avec bonheur quasiment tous les soirs.

Comment s’est monté le projet?

J’ai d’abord convaincu Jean Paul Bordes qui joue Hemingway de s’associer au projet, un comédien que j’avais connu à la Comédie Française où j’ai joué par le passé comme artiste auxiliaire. Sara Giraudeau est arrivée ensuite puis Julien Boisselier pour former ce trio avec lequel on a fait une lecture devant une dizaine de directeurs de théâtre. C’était un vrai pari car le budget est lourd pour un spectacle comme cela -trois musiciens, trois acteurs et un décor qui a coûté très cher, avec des mécanismes et tous les éléments réalisés sur mesure. Bref, on n’a pas le droit de se planter! Les gens ne doivent pas ressortir en disant seulement « c’était bien« . Pour les danses, j’ai ainsi été jusqu’à chercher un chorégraphe qui travaille avec l’Opéra Garnier.

Y-a-t’il encore des Fitzgerald aujourd’hui?

Il me semble manquer ce qui était magique à l’époque, le foisonnement culturel -tous ces artistes qui gravitaient ensemble. C’était une époque merveilleuse.

Vous êtes déjà en train de penser à la suite?

J’écris actuellement une pièce sur Machiavel avec encore les thèmes de l’écriture et de la folie. Et une comédie entre bobos et Juifs tunisiens. J’aime le mélange entre le sombre et le drôle; j’ai eu de vraies surprises de voir sur cette pièce des gens rire à des moments pas particulièrement comiques. On n’a d’ailleurs pas un véritable consensus sur cette pièce; il y a des soirs où la salle est très rieuse et d’autres soirs où elle est plus réservée.

Allez-vous voir d’autres pièces de théâtre pour vous inspirer?

Rarement, à part le théâtre anglais que Julien Boisselier, mon « Fitzgerald » affectionne tout comme moi. En France, on cherche souvent le metteur en scène…

Voilà qui n’est pas le cas sur cette pièce pétillante, enlevée et originale, avec un texte aussi drôle que profond qui laisse résolument le spectateur sur l’agréable impression qu’il a été particulièrement bien traité ici -par l’auteur mais aussi ses comédiens.

Par Laetitia Monsacré

 

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