28 août 2012
La rentrée des sacrifiés

646 romans vont sortir pour ce que l’on appelle la rentrée littéraire. L’objectif, rafler un prix dans les mois qui viennent et faire un best seller, sachant qu’à 5 000 exemplaires, un éditeur est content… Pour certains, prix ou pas, le succès est à peu près assuré avec la multiplication des articles comme des petits pains , sachant que les journalistes littéraires sont désormais moins prescripteurs que les blogs. Il n’empêche. Quand on voit les mises en avant avec extrait dès l’été dans le magazine Lire, dont le rédacteur en chef est François Busnel, par ailleurs présentant l’emission littéraire la plus regardée et en charge également des choix littéraires dans l’Express,  puis en feuilletant le Monde, Télérama, Les Inrocks et leur petit livret offert où l’on retrouve toujours les mêmes, voilà qui a de quoi glacer le sang de tous ces auteurs qui n’ont pas droit à une ligne. Sans compter les maisons d’édition, pourtant prestigieuses comme Minuit, Pol ou Actes Sud qui sont quasiment ignorés par les magazines sus cités. Alors quelle chance pour un auteur inconnu ou un premier roman? L’effet d’entraînement est tel que la plupart des livres qui ne jouissent pas de cette couverture médiatique, du buzz, n’ont aucune chance d’être lu et donc repéré. Impossible en effet pour nous journalistes de tout lire, ni de ne pas parler des valeurs sures. On ne prête qu’aux riches n’est ce pas? Le Monde qui s’est intéressé sur ce qui restait d’une rentrée littéraire en revenant sur celle de 2002, se rassure comme il peut en notant que  les auteurs remarqués ou récompensés par un prix sont encore là, comme abonnés à cette drôle de période où à peine lâchés les livres de l’été, il faut attaquer ceux de l’automne et de l’hiver. Le succès? Il tient à peu de chose, « mystérieux » selon le fondateur de La dillettante qui a découvert Olivier Adam et Anne Gavalda ou Vincent Ravalec. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura de nombreux  morts sur le champ de bataille et qu’ internet qui a révolutionné le monde littéraire, en brisant le circuit fermé dans lequel il évoluait trop souvent, ne pourra pas empêcher cela.

Par Laetitia Monsacré

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