25 juin 2022
La police tue?

Comme à son habitude, Jean-Luc Mélenchon a commis un nouvel éclat dans le monde compassé de la politique en lançant un virulent « la police tue » après qu’une femme ai reçu dans le 18ème arrondissement de Paris une balle dans la tête. Après l’affaire du Pont neuf où le soir de le réélection d’Emmanuel Macron un autre homme a été canardé par un policier, il est juste de se demander pourquoi on n’apprend pas aux policiers pendant leur stage de formation à viser…les pneus. Voilà qui rappelle à beaucoup le droit de tirer sur n’importe qui et l’impunité totale des forces de l’ordre- très loin des gardiens de la paix-pendant les manifestations des Gilets Jaunes. Le maintien dans leurs fonctions de Gerald Darmanin et surtout du préfet Didier Lallement en dépit de ces tirs à vue que l’on pourrait titrer « Balltrap à Paris » est aussi choquante que honteuse. A fortiori après la charge des CRS sur les supporteurs anglais, y compris des familles entières victimes des gaz lacrymogènes banalisés en bombe insecticide, aucune remise en cause n’est pourtant à l’ordre du jour de ce gouvernement droit dans ses bottes, à l’image de l’audition du Ministre de l’intérieur par le Sénat. Lequel rappelons-le a été accusé de viol sans que cela ne dérange personne, tout comme l’acquittement de deux policiers en appel en avril dernier, condamnés à sept ans de prison ferme en 2019 pour le viol d’une touriste canadienne au 36 quai des Orfèvres. Emily Spanton est pourtant un cas d’école. Lors de l’instruction, la plaignante avait identifié les deux accusés, Antoine Quirin et Nicolas Redouane, comme faisant partie des “trois ou quatre hommes” qui l’avait violée un soir d’ avril 2014 après quelques verres partagés dans un bar. Une plainte dont la réalité était confirmée par les multiples examens médicaux et un immonde texto à charge contre l’un d’eux, “C’est une touseuse (partouzeuse, NDLR). Dépêche”, envoyé à un autre policier pour ce viol avéré « en réunion ».

Impunité et confraternité

Les deux hommes sont aujourd’hui libres. La Cour d’Appel de Créteil a en effet considéré huit ans, jour pour jour après les faits que le viol n’était pas caractérisé après une enquête à charge-on peut compter sur la solidarité entre collègues, afin de la décrédiliser en la faisant passer pour une fille légère voire borderline. L’avocate d’un des violeurs, MAnne-Laure Compoint, a même été jusqu’à parler « d’une femme malade, en dépression, qui prenait des médicaments tous les jours ». Bref, de victime, Emily Spanton est devenue l’accusée et a pu garder un bon souvenir de la police et de la justice française sans que cela ne scandalise personne et ne soit audible en pleine campagne électorale. De quoi confirmer ce sentiment écoeurant d’impunité dans un corps d’Etat qui fait désormais davantage peur aux citoyens qu’ils ne les rassurent. Et donner raison au chef des Insoumis en espérant que le résultat des législatives puisse faire bouger les choses.

Par Laetitia Monsacré

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