10 novembre 2012
Elephant Paname/ Erwitt au septième ciel

C’est dans le bel immeuble d’Elephant Paname, ouvert en octobre dernier non loin de l’Opéra, qu’ Elliot Erwitt, 84 printemps, a trouvé cimaises à sa hauteur. Au total,  près de 80 clichés de l’artiste avec, en toile de fond, des images inédites spécialement sélectionnées pour l’occasion par celui que l’on nomme « le Doisneau américain ».
Tapis rouge…noir, costumes noirs, cimaises et cartels noirs, on entre dans espace plongé dans la pénombre, juste baigné par la lumière tamisée d’un dôme des années vingt remis au goût du jour par près d’un millier de diodes et par l’ombre vidéo projetée d’une danseuse en mouvement-passion de la maitresse des lieux, ancienne danseuse elle même (voir article).

Des stars et des chiens

Le portrait de JFK ouvre le parcours de cette rétrospective qui, sur deux étages, du Wyoming en passant par Pittsburgh, New-York, Brighton, Paris, Rome ou encore Mexico, ne cesse de tirer parti du contraste entre une scénographie très contemporaine et l’ architecture intérieure quasi-muséale aux moulures laissés brutes.

«Faire rire les gens est une des plus parfaites réussites qu’on puisse espérer» disait ce photographe qui immortalisé Marilyn Monroe en robe blanche sur une bouche de métro;  attrapé au vol la silhouette d’un homme et son parapluie noir sautant devant la tour Eiffel, ou encore saisi l’image dans le rétroviseur d’une voiture des années cinquante, d’un couple s’embrassant face à la mer…Eliott Erwitt est l’un des rares photographe à se distinguer sur le terrain de l’ironie visuelle. Observateur infatigable des mouvements quotidiens de la rue et photographe de l’absurde, la magie et la surprise de ses images reposent sur la rigueur de ses cadrages et sur l’angle de prise de vue qu’il choisit d’adopter face aux situations et scènes de vie insolites qu’il rencontre.
Un recherche humoristique, toujours poétique,  qui nait parfois également d’un travail en séquence. En témoigne notamment  le triptyque Saint-Tropez, 1979 où trois cadrages identiques d’une scène de vie dans un cimetière laissent successivement apparaître une vieille dame et son chien se recueillant sur une tombe puis la vieille dame se penchant sur la tombe pour y déposer des fleurs pour finalement n’offrir que l’image du chien semblant mort… la vieille dame ayant disparu du cadre.
Néanmoins, la vraie réussite de Personal Best Personal Choice réside dans  la présentation de clichés inédits ou moins spectaculaires dans lesquels celui qui fut repéré par le grand Robert Capa qui créa Magnum,  inverse le rapport humour/tendresse; comme  l’image de ces femmes hongroises levant les bras en guise d’au-revoir sur le quai d’une gare (Budapest, 1964) ou celle de cette jeune mère, la tête appuyée sur le bout d’un lit, qui sourit à son nouveau né, sous le regard d’un chat et baignée par une lumière diffuse (NewYork, 1953). De vrais compositions loin de la photo réaliste qui suivit ensuite et l’empreinte d’un vrai artiste qui est aujourd’hui un des plus célèbres photographes américain…

Par Audrey CAMPION

Elliott Erwitt, Personal Best Personal Choice jusqu’au 13 janvier 2013-Elephant Paname,

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