7 février 2014
La musique hors des temples

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Vingt ans, le bel âge. C’était celui des Victoires de la musique classique l’année dernière ; c’est celui de la Folle journée de Nantes cette année. Pourtant, à ses débuts, René Martin, n’étant pas du sérail, était perçu comme un outsider, et même avec la réussite du festival de La Roque d’Anthéron lancé à l’aube des années quatre-vingt, cette sortie de la « grande musique » hors de ses temples consacrés n’a pas manquer de faire grincer quelques dents. Deux décennies plus tard, le constat est sans appel : non seulement, le public et les médias – radio et télé – sont au rendez-vous de ce marathon de concerts bref,  une heure environ, mais le concepteur a exporté son idée tant en région – le week-end précédent le rendez-vous nantais, qu’hors des limites hexagonales – Bilbao du 7 au 9 mars, le Japon du 26 avril au 6 mai et Varsovie, du 26 au 28 septembre prochains.

Destination Amérique

Au départ de cette folle aventure, l’idée qu’exigence artistique et accessibilité n’ont rien de contradictoire. La preuve ? La file d’attente à l’ouverture de la location pour cette édition anniversaire qui met les voiles sur le Nouveau Monde, finalement relativement méconnu en dehors des grandes figures comme Bernstein, Barber, Glass ou Adams, et de l’incontournable Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Terre d’émigration, les Etats-Unis ont en fait accueilli pendant le vingtième siècle la crème des musiciens de l’Europe entière au gré des soubresauts de l’Histoire : Prokofiev, Schönberg, Bartok qui y est mort dans le dénuement, vivant grâce au seul soutien de ses amis dont un certain Yehudi Menuhin, l’inimitable caméléon Stravinski, pour ne citer que les plus célèbres… Concerts et conférences, il n’y a qu’à choisir pour s’enrichir sans jamais renoncer au plaisir, sorte d’université populaire de la musique sur quelques jours que même les plus sceptiques ont plus ou moins imitée depuis – en témoignent les mini-festival marathon qui ont fleuri depuis dans l’hexagone.

Le show des Victoires de la musique

Reste pour les sédentaires, les radios – de France Musique à Radio classique en passant par France Inter – et la télévision avec Arte, pour se mettre au diapason. Le lendemain, lundi 3 février, c’est sur France 3 que se déroule, sous la houlette de Frédéric Lodéon et Louis Laforge, le grand show populaire de la musique, en direct du Grand Théâtre de Provence à Aix, consacrant Julie Fuchs artiste lyrique de l’année, catégorie où était nommée Sabine Devieilhe, Stanislas de Barbeyrac révélation lyrique, quand c’est le sens du spectacle qui a été primé chez les solistes instrumentaux avec le pianiste Guillaume Vincent en révélation et le violoniste rock star Nemanja Radulovic en artiste de l’année. Même si ce n’est pas là que l’on y découvrira des raretés, on a eu droit à Don Carlo plutôt qu’Aïda et le Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns  plutôt que celui de Dvorak. Preuve que la télévision publique peut se libérer du Boléro de Ravel quand elle le veut bien…

Par Gilles Charlassier

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