18 novembre 2017
La musique au-delà des frontières

A l’heure où la peur referme de plus en plus de frontières, l’ouverture défendue par la musique se révèle des plus salutaires. Et rien  n’est plus cosmopolite aujourd’hui que l’opéra, au fil de tournées et coproductions à travers l’Europe, et au-delà. Créée pour la Komische Oper à Berlin il y a quelques saisons, La Flûte enchantée revisitée par Barrie Kosky, en passe de devenir un spectacle incontournable de ces dernières années, l’illustre parfaitement lors de son escale à l’Opéra Comique en ce milieu d’automne. 

Avec le Collectif 1927, le directeur de l’institution berlinoise a imaginé une relecture du singspiel de Mozart à l’aune de l’esthétique du cinéma muet – le nom choisi par Suzanne Andrade et Paul Barritt pour leur duo fait référence à l’année où est apparu le parlant. Sans se limiter à une reconstitution des années vingt, la scénographie utilise avec une virtuosité pleine d’esprit les techniques du muet dans des projections animées aussi colorées qu’inventives. L’imagination visuelle ne connaît aucun répit, pour le plus grand bonheur de spectateurs, goûtant aux plaisirs que l’on réserve d’ordinaire aux enfants, d’autant que la barrière de l’allemand parlé des dialogues a été avantageusement remplacés par des tableaux de cinéma muet, sur fond de deux Fantaisies de Mozart, jouées au pianoforte.

De Berlin à l’Italie version française

C’est ensuite en Belgique, véritable carrefour de l’Europe, que l’on remet à l’honneur deux opéras français de Donizetti : au dix-neuvième siècle, Paris était une véritable capitale pour l’art lyrique, qu’aucun grand compositeur ne pouvait ignorer. Même Wagner s’y est essayé avec Tannhäuser. Et après des décennies où les œuvres ont été traduites en italien, La Favorite comme Le Duc d’Albe  reviennent enfin dans leur langue originelle, la première à Liège, et le second à Gand, dans une reconstitution d’une partition laissée légèrement inachevée par le maître de Bergame, et que Giorgio Batistelli, grand nom de l’opéra d’aujourd’hui, a délicatement complétée.

On finit enfin avec Fanny Azzuro, dont le patronyme trahit – aussi – des ascendances italiennes. La jeune pianiste française vient de faire paraître deux enregistrements : un autour de Debussy, Ravel et Albeniz, et un autre, avec Hervé Sellin, artiste de jazz, avec lequel elle revisite Schumann. Passerelles : un titre d’album n’a jamais été aussi bien portée par une interprète qui aime faire tomber les barrières isolant parfois la musique classique. On vous a prévenus, l’art musical est sans frontières…

Par la rédaction

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