3 mai 2012

C’est à ce rituel, gravé dans les us et costumes de notre démocratie présidentielle, que se sont adonnés ce mercredi soir les deux candidats à la présidentielle, en direct télévisé pour des millions de français. Et, c’est à La Bellevilloise que je suis allé poser mes pattes pour suivre la soirée. La verrière métallique parsemée de palmiers était ce soir-là bondée – pas une table de libre. Il faut bien doper le commerce me direz-vous. Il va sans dire que le public de ce complexe bobo installé dans un XXème bien ancré à gauche était acquis à la cause du candidat socialiste. Mais à part quelques applaudissements nourris lors des meilleures réparties de leur favori, il est resté concentré et sage. Il est vrai que, hormis des réparties parfois savoureuses au milieu des échanges rugueux, voire agressifs de la part du challenger, le débat s’enlisait parfois dans une querelle « de pourcentages et de chiffres » où le président sortant a usé de son habileté pour redorer la pilule à son bilan. Les questions sur l’Europe et l’immigration ont en revanche révélé des attitudes beaucoup plus partisanes, et le vocabulaire du candidat Sarkozy, confondant « immigrés » et « musulmans » n’a pas manqué de faire réagir le public de La Bellevilloise, séduction attendue à l’égard des électeurs du Front National.
« Assez vivant et diplomate » selon le jeune enseignant qui était chargé de la promotion des abonnements pour Libération, qui, sans surprise, parrainait la soirée, celui-ci regrettait que, « comme d’habitude, ce genre de débat ne s’attaque pas aux vrais problèmes », et « n’est là que pour chercher les deux ou trois pour cent de voix des indécis ». Celles qui comptent justement pourrait-on répondre, d’autant que l’écart est moindre qu’escompté : même si les partisans du candidat socialiste se montrent confiants, ils espèrent quand même que Sarkozy ne sera pas réélu. Pronostic ne vaut pas résultat. Même si la plupart des spectateurs sont conscients que « la marge de manœuvre de l’un comme de l’autre sera de toute façon réduite » me confiait une espagnole originaire des Canaries. Au lendemain de ce débat jugé réussi, l’équipe de campagne de François Hollande a livré un rapide débriefing au QG de l’avenue de Ségur et répondu aux questions de la vingtaine de journalistes présents. Outre l’habituel thé et café du matin,  une panière de mini-viennoiseries industrielles- le Parti Socialiste commence sans doute déjà les économies dans le train de vie de l’Etat; mais peu importe le banquet me diriez-vous, pourvu qu’on ait la victoire …Elles semblent loin en tout cas les agapes dont l’UMP avait l’habitude de nous régaler… D’ailleurs pas de point presse à droite ce matin. Les sarkozystes font profil bas, et préparent sans doute leurs valises. Résultat dimanche à vingt heures. En attendant je meurs de faim, moi…

 

Par Jim

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