Helikopter, pour quatuor à cordes et quatres hélicoptères : le programme a de quoi faire trembler le beau plafond de Chagall du Palais Garnier, et l’on se demande bien comment l’on peut danser dessus. Mais Angelin Preljocaj n’est pas de ceux qui se laissent intimider par ce genre de défi, ni par la musique de Stockhausen et sa propre compagnie, toujours aussi inspirée et invitée pour la première fois par l’Opéra de Paris en ce début d’année, le démontre avec virtuosité.
L’obscurité n’est pas encore tombée sur la salle de Garnier que les pales des hélicoptères se mettent en marche – prêts pour un voyage sonore et cinétique remarquablement mis en images par Holger Förterer avec ce sol dessinant des géométries visuelles d’un poétique bleu crépusculaire. Entre imitations d’hélices et confrontations puissantes, la chorégraphie dégage une paradoxale grâce et presqu’une évidence qui ferait oublier l’engagement physique demandé aux danseurs.
Dans Sonntag aus Licht, que Stockhausen a lui-même demandé à Preljocaj de chorégraphier, on retrouve cette même inspiration cosmique. A partir de leur grabat auréolé d’un soleil, hommes et femmes esquissent un rituel sur des sonorités de synthétiseurs aussi fascinantes qu’un peu datées. On se retrouve transporté littéralement ailleurs, dans un no man’s land esthétique parfois ennuyeux, mais qui ne laisse jamais indifférent.
GC
Ballet Preljocaj, Palais Garnier, jusqu’au 10 janvier 2013