20 octobre 2012
La Fiac respire

Ouf, on a sauvé les meubles. Enfin, en tous cas les tableaux et autres œuvres d’art qui, exposées sous la verrière du Grand palais ne seront pas taxées s’ils dépassent 50 000 euros comme le prévoyait le gouvernement Hollande. Autant dire la majorité de celles présentées quatre jours durant sur les 182 stands dont 160 galeries étrangères de cette « foire « où les riches parmi les riches-avec entrée spécial VIP et service de limousine à disposition- se retrouvent pour faire leurs emplettes. Dès le soir du vernissage, il y avait ainsi déjà des petits points rouges sur les étiquettes comme cet Alechinski chez Lelong où l’on pouvait toutefois se consoler avec les belles sculptures en hêtre calciné de David Nash, un Kiki Smith ou une composition de Rebecca Horn, la Philosophie du boudoir à 90 000 euros. Certaines galeries, en avance sur le mois de la photo proposaient uniquement des tirages noir et blanc comme Kicken venue de Berlin avec ses Newton, et autres Blumenfeld tandis que sur d’autres stands, il fallait veiller à faire attention où l’on marchait-des valises ou poubelles semblant égarées par terre étant en fait de l’art…

Difficile de choisir

Il y en avait en tous cas pour tous les goûts, de cette monumentale sculpture de Bush prenant par derrière un cochon à des choses plus classiques comme les toiles de Dubuffet, Fontana ou Miro chez Helly Nahmad Gallery qui en « jetait » plein la vue tandis que la Galerie Applicat avait, elle,  choisi de n’accrocher qu’un seul artiste-Alfred Manessier avec ses tours gigantesques et autres favellas monumentales. Deux millions d’euros, c’est le prix d’un magnifique plâtre de Giacometti que présentait la Galerie Jeanne Bucher, réalisé en 1925, « sans doute à destination d’un musée, car on ne veut pas qu’il parte n’importe où ». L’accrochage était en tous cas un vrai bonheur visuel entre ce mobile aérien de Susumu Shingu ou un tryptique de Clifford Chance. Bref, de quoi avoir envie de repartir avec l’ensemble…Arp, Picabia, Chirico ou Guillaume Apollinaire, la Galerie Nathalie Serousi proposait un stand tout autant inspiré tandis que Karten Greve vendait un grand format noir lumière de Soulages, 840 000 euros.

Les incontournables

Thaddeus Roppac- qui vient d’ouvrir un immense espace à Pantin-avait mis l’accent sur le fantastique Robert Longo avec deux toiles monumentales, un arbre et une tête de cerf hypnotique, executés avec cette technique incroyable où l’on pense avoir devant soi une photo noir et blanc alors qu’il s’agit en fait d’un dessin à la craie et fusain-tandis que la galerie new-yorkaise Metro Pictures exposait juste en face un dyptique et ses 20 versions différentes en petits format du drapeau américain-à l’unité 35 000 euros, hommage de l’artiste au dixième anniversaire du 11 septembre. Chez Gagossian, poids lourd arrivé l’édition dernière, Massimo Gargia devisait avec une riche italienne « redessinée » par un chirurgien tandis qu’un homme devant un tableau sans étiquette-pas assez chic-commentait « untel, il n’achètera jamais ça, ce n’est pas assez cher pour lui… ». Chose rare, on trouvait la même oeuvre de Mircea Cantor, nouveau prix Marcel Duchamp actuellement exposé au Centre Pompidou, soit un tamis troué de douilles chez Yvon Lambert et à la galerie israëlienne Dvir. Jonathan Meese qui signe actuellement les beaux décors de Médée au Théâtre des Champs Elysées côtoyait des artistes chinois comme Mao Yan chez Daniel Templon, qui à l’image des autres stands arborait seau à champagne Ruinard et ordinateur ou I Pad Apple, le PC étant à la FIAC une faute de goût voire un crime de lèse-majesté. De quoi le temps d’une visite avec en plus pour la première fois l’accès au salon d’honneur au tout venant, se composer un musée imaginaire avant de revenir une fois dehors à la pluvieuse réalité. Car « comme les oeuvres ne sont malheureusement pas pliables » plaisanta une dame très chic en présentant son sac à la sortie, voilà une foire qui pour la plupart n’est chaque année que l’occasion de rêver…

LM

La FIAC jusqu’au 21 octobre 2012 au Grand Palais et hors les Murs voir infos

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Attention où l’on met les pieds

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