23 janvier 2015
La Divine double inconstance

LA DOUBLE INCONSTANCE (Anne KESSLER) 2014

« Mieux vaut être une bourgeoise heureuse à la campagne qu’une princesse malheureuse dans un grand appartement ». Marivaux serait-il un apôtre de la décroissance avant l’heure? Son Arlequin est en tous les cas bien avisé lorsqu’il se demande « qui habitera ma maison de ville quand je serai dans celle de la campagne? ». Quant aux sentiments amoureux, entre« si je l’épouse, il n’est pas nécessaire que je l’aime » ou « il n’aurait que la femme, moi j’aurai le coeur » , voilà dans cette Double Inconstance bien des « marivaudages » délectables, servis par une distribution qui l’est tout autant. On retrouve en effet dans cette nouvelle production du Français, l’équipe du remarquable Misanthrope quasiment au complet-ne manque qu’Eric Ruf, désormais administrateur général.
Loic Corbery est un prince à la séduction affirmée, prenant son bain sur scène face à une Flaminia-Florence Vialla des plus assurées. Adeline d’Hermy incarne Sylvia avec une fraîcheur confondante et Georgia Scallet excelle dans Lisette, jouée avec un détachement et une présence qui annonce une carrière résolument à suivre-le cinéma va la voler, c’est évident. Stéphane Varupenne achève pour sa part de donner vie à Arlequin avec une nonchalance inspirée dans cette mise en scène d’Anne Kessler qui fait son entrée, en beauté, dans la salle Richelieu. Son idée d’imaginer la pièce comme une répétition de la pièce s’ordonne ainsi parfaitement, créant une intimité bienheureuse entre comédiens et public; les costumes de Renato Bianchi achèvent le sans faute. Seul bémol, il vous faudra patienter pour voir cela, les spectateurs ne s’y sont pas trompés, c’est déjà presque tous les soirs complet.

LM

La double inconstance de Marivaux jusqu’au 1 er mars 2015

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