29 avril 2012

Je dois admettre que peu concernée moi même par la cantine-je n’y vais plus depuis longtemps et ayant déjà depuis quelques décennies mon permis de conduire, je ne me suis pas trouvée très emballée par la campagne des présidentielles. Ne faisant pas partie des plus riches horrifiés à l’idée de ne plus pouvoir acheter un deuxième yatch dans l’année par les mesures du candidat socialiste, ni des smicards envoûtés par Mélenchon avec des promesses intenables, ne pouvant par ailleurs pas être qualifiée d’invisible, vu que je l’ouvre facilement et arbore des cheveux d’un roux assez peu discret, il a fallu attendre le second tour, pour que habitant non loin du « bd Saint Germain » et songeuse sur  la France des assistés,  je me réveille. Car enfin, moi aussi j’étais victime des troubles de voisinage, de cette crise du logement qui nous oblige à souffrir un environnement hostile et avoir des débuts de mois déjà déficitaires dès le loyer payé.  Locataire d’un entresol de 50 m2 dans un hôtel particulier du XVII ème siècle près du Sénat, j’ai au dessus de moi une des plus vieilles familles aristocrates qui soient, avec, une chance pour eux, encore de très beaux restes. Pour exemple, leur fille qui n’a jamais pu, ni dû travailler, a quelque temps recherché un appartement qui puisse l’ accueillir elle et sa fille. « Mais à 1,2 millions d’euros-leur budget pour offrir cela à leur progéniture-on ne trouve plus rien dans le quartier! »s’horrifia auprès de moi un jour sa mère. Résultat, c’est un camion de déménagement plein de boites Hermès et autres cartons qui débarqua un beau jour devant mon immeuble, et à force de hauts talons claquant sur le parquet nuitamment- correspondant aux horaires de travail dans le show bizz désœuvré- et de sa fille de quatre ans hurlant la nuit, m’empêchant de dormir ainsi que mes enfants-que j’ai réalisé qu’à part déménager, cela allait être très dur. Vivant seule, sans revenu fixe (il faut un salaire qui équivaut à trois voire quatre fois le loyer) ni caution possible (c’est mon père qui me doit de l’argent), et encore moins d’épargne pour les trois mois à verser( deux de caution plus frais d’agence) , mon dossier-même pour un cagibi, n’avait aucune chance de passer, du 1er au 20 arrondissement de Paris. Il me fallait donc rester là et supporter que, malgré les deux cent mètres carrés remplis de toiles de maître et le personnel philippin, c’est au dessus de ma tête, plus précisément au dessus de mon lit que la jeune héritière avait décidé de passer son temps. N’y tenant plus, je me rendais en cette semaine de second tour à la Mairie pour voir une assistante sociale, ainsi que la police. Et c’est là que dans le bureau d’aide sociale, je découvrais ce qu’était l’assistanat dont le Président sortant, reprenant l’idée de Marine Le Pen, fustigeait l’existence. Mon dossier ayant été maintes fois égaré et les formulaires à remplir n’étant pas mon fort, j’étais passé, dixit le conseiller-prévenu par une dame à l’accueil, juste là pour écrire votre nom et décrocher le téléphone-à coté de quantité d’aides…L’allocation parent isolé, l’aide au logement (APL) couplée à celle de mon arrondissement, le pass NRJ famille pour mon EDF et..la carte Pass  famille, pour aller gratuitement à la piscine…Enfin, en l’absence de pension alimentaire versée depuis trois mois ( j’ai retenu que Nicolas Sarkozy s’il est réélu a promis que les pères seraient obligés de la verser sans avoir à nouveau à saisir la justice ) ni de salaire, j’avais également la possibilité de demander le RSA. J’ai donc passé une bonne heure à remplir tous les formulaires CAF et compagnie en réalisant que c’était une vraie occupation que de savoir de quelles allocations on avait le droit et de suivre ensuite son dossier. Un vrai full time job qui je l’admet peut toutefois énerver certains qui se lèvent tous les matins pour aller à l’usine. Le commissariat jouxtant la mairie, j’ai ensuite déposé une main courante concernant ma chère voisine victime tout comme moi du marché immobilier parisien, et, pendant que j’y étais, d’une autre contre le père de mes enfants  pour non paiement de pension alimentaire et inquiétude quant à savoir où il allait, ses week-end de garde, faire dormir nos enfants. Autre victime lui aussi de cette crise, qui à la différence de tout autre pays, dixit pour une fois justement Nicolas Sarkozy,  fait augmenter les prix immobiliers, son unique logement de 18 m2 où il accueille de temps en temps ses filles nées de son premier mariage (ce qui provoque une occupation au m2 digne de Bombay alors qu’il vit dans le Marais) a en effet été saisi. Alors le 6 mai prochain, si l’on ne rasera pas gratis, j’irai voter quand même en sachant bien que le changement ne sera pas maintenant, ni demain  mais que comme l’a justement dit Jean Luc Mélenchon, c »est avant tout à soi-même de se bouger les fesses.

 

Par Laetitia Monsacré

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