22 novembre 2012
Kaas, petite môme

Pas facile d’habiter une scène, sans orchestre, avec juste un homme devant un pupitre électronique, un accordéoniste et un violoniste. Quant à chanter Piaf…L’exercice est périlleux, demandant à n’en pas douter une voix, une présence. Une voix, Patricia Kaas en a une, reconnaissable entre toutes, grave et « bluesy » à la fois, ne trichant pas. Quant à la présence, elle s’appuie sur un écran géant en fond de scène, un danseur aux plaquettes de chocolat et une collaboration artistique avec le wonder boy hollywoodien, Abel Korzienowski, fort de ses nominations aux Golden Globes pour les B.O. de A Single Man et W/E, nanar signé par de Madonna. Bref, un spectacle en forme de « Comédie Récitale », pour une tournée mondiale dont la première fut donnée au Royal Albert Hall de Londres avant le Carnegie Hall de New York mardi prochain. Puis Séoul, Montréal, Amsterdam et l’Olympia en février prochain.

Surenchère d’effets

Il s’agit sans doute d’un projet que la chanteuse avait à cœur de réaliser depuis longtemps et dans lequel il est évident qu’elle a mis toute son âme, surfant ainsi sur l’année qui précède le cinquantième anniversaire de la mort de l’illustre chanteuse. Patricia Kaas est donc là, devant une dizaine de caméras pour cette générale où a été conviée la presse, des appareils photos disséminés dans toute la salle, des portables à bout de bras pour immortaliser l’instant, juchée sur des hauts talons vertignieux, dans un imperméable en satin beige, chantant des chansons pas toujours connues; chacun attend alors les tubes, applaudissant dès qu’il reconnait les premières notes comme Milord, avec un film en noir et banc où Alain Delon apparait en gros plan, filmé en face à face avec Kaas. Un fan arrive, lui tend une rose blanche. »On l’ a trouvé dans la rue comme un moineau et comme il y en avait déjà une qui s’appelait comme cela, ça a été la môme, la môme Piaf ». Images d’archives, sonores, le concert est vu comme un spectacle, avec Cocteau qu’on écrit sur un fond blanc comme un tag. Padam, padam, la voix de Kaas traine,-trop- La vie en rose arrive, le danseur fait tourner Kaas, pied nus, les fans lui offrent une standing ovation. Sur l’écran, Kaas pleure, se tord de douleur pour tenter de transcrire la détresse de Piaf. Le final approche avec l’Hymne à l’amour et des nuages qui défilent en fond de scène avec cette idée que malheureusement, ce n’est pas en accumlulant les effets que l’on créé l’ émotion. Et ce jeudi soir, il faut l’avouer, elle était bien absente au point de vous donner une seule envie: rentrer chez vous pour écouter l’originale.

LM

L’album Kaas chante Piaf est sorti chez EMI le 5 novembre, dates de la tournée cliquez ici

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