1 février 2012
Juliette raconte Gréco

Juliette Gréco dans la cage aux tigres, même pas effarouchée; voire insoumise? Voilà  en tous cas la première image de ce  documentaire diffusé sur Arte où elle se raconte -on est jamais aussi bien servi que par soi même- à travers des images d’archives. Trenet le dit, « elle était déjà célèbre avant même d’avoir fait quelque chose! ». Nous sommes dans l’après guerre et , cette magnifique brune au regard envoûtant est surnommée « la muse de Saint Germains des Près ». La Gréco, sans le sou, fréquente Boris Vian, dîne avec Sartre qui lui a expliqué que « le bijou le plus précieux qu’elle possède est son cœur ». A chaque rencontre, sa chanson. Jacques Prévert lui écrit « Je suis comme je suis », plus tard Gainsbourg lui offrira « Les amours perdus » ainsi que « La Javanaise ». Mais avant d’en arriver à la scène,  Juliette Gréco se rappelle avoir trainé dans Paris, habillée comme un garçon, lançant une mode malgré elle, « je portais un chandail noir et mon pantalon noir était trop court, mais les autres ont fait pareil » s’amuse-t-elle avec cet air mutin qui n’appartient qu’à elle. Puis, elle rencontrera Miles Davis, avec qui elle a eu une histoire d’amour « malgré les préjugés de l’époque sur les femmes blanches fréquentant les noirs ». Depuis toujours Gréco est une femme libre. Elle parle comme elle pense et agit comme elle ressent. Ses histoires de cœur vont s’enchaîner comme le répertoire de ses chansons, mais toujours en douceur. « Je n’aime pas m’ennuyer et quand je sens que ça n’avance pas je m’en vais ».  

Brel, Brassens, Sagan. Juliette Gréco chante pour les grands noms de la culture française. « Sûrement parce que je suis respectueuse et amoureuse ». Sa carrière prend un tournant quand celle-ci tombe amoureuse de Darryl Zanuck, décidé à lancer Juliette à Hollywood. Sans vraiment de succès, elle revient plus tard en France, ni déçue, ni contente. « Je n’étais peut-être pas bonne actrice ».  Elle passe à autre chose. Interprète la « Jolie môme » de Léo Ferré et en fait une jolie sur scène quand elle susurrera le célèbre « Déshabillez-moi »-une invitation dont tant d’hommes ont du rêver.

Le creux des années 80 quand les salles se sont faites à demi-pleines a été un coup dur. Pas financièrement, « mais parce que j’aimais chanter pour mon public ». Finalement, la grande dame de la chanson peut se rassurer pour son prochain concert. Il se fera à guichet fermé.

 

Par Sarah Vernhes

 

« Juliette Gréco, l’insoumise » sera diffusé sur Arte le 05 février à 20h35.

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