7 juin 2013
Jules César sous la poussière du musée


On devrait toujours laisser une seconde chance. C’est ainsi que l’on s’en allait revoir le Giulio Cesare muséal imaginé par Laurent Pelly et qui avait, grâce à la poitrine de Natalie Dessay, fait le tour des conversations d’entracte, voilant pudiquement une discutable performance vocale. On y allait avec d’autant plus d’intérêt que Cléopâtre était cette fois incarnée par Sandrine Piau, incomparable musicienne. Las, à la lecture du feuillet de distribution ce mardi soir, on comprend que la soprano française est souffrante. Non que sa doublure, la sage Yun Jung Choi, un téton en nylon pour toute lascivité, ne démérite avec ses efforts d’expressivité.
Mais cette reprise aura décidément bien pâle allure. Exceptés le Curio sans reproche de Jean-Gabriel Saint-Martin, la Cornelia de Varduhi Abrahamyan qui s’est bonifiée depuis 2011, et le plus théâtral que vocal Nireno de Dominique Visse, l’ensemble laisse une impression mitigée. Lawrence Zazzo montre plus d’une faiblesse dans la vaillance de l’empereur romain ; on tolère l’acidité du Tolemeo de Christophe Dumaux à cause de la cruauté du personnage ; Karine Deshayes semble éprouver quelques difficultés avec la tessiture de Sesto ; quant à Paul Gay, Achilla, on ne lui a tout simplement pas donné les clefs du style. On se console avec le continuo racé du Concert d’Astrée pour mieux oublier une scénographie certes cohérente mais qui tourne rapidement à vide. Un comble pour une histoire aussi haute-en-couleurs et la musique foisonnante de Haendel. A décharge, il faut bien reconnaître que la poussière des musées n’est sans doute pas le vêtement le plus flatteur que l’on connaisse…
GC
Giulio Cesare, Palais Garnier, jusqu’au 18 juin 2013

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