29 mai 2012
Journaliste clandestine

Petite île entre l’Arabie Saoudite et le Quatar, riche de pétrole-avec un grand prix de F1- et pauvre de droits, le Barhein est oublié de tous. Monarchie, dirigée par le roi Hamad ben Issa el-Khalifa, elle est le théâtre depuis des mois d’une révolution réprimée dont personne ne parle. Le pays est interdit aux journalistes afin que les policiers puissent y tirer sur les manifestants à balles réelles à moins que ce ne soit les mitrailleuses des chars envoyés par l’ Arabie Saoudite via le pont qui relie les deux pays ensemble. Pourtant comme en Syrie, les manifestants sont pacifiques, sans armes. « Honte sur eux » crient et pleurent les infirmières auxquelles l’on interdit de soigner les blessés par balles ou ceux qui se sont fait passer sur le corps par des jeeps de l’armée. C’est tout cela, loin des circuit automobiles ou des  » mall « géants que montre Stéphanie Lamorée dans Bahreïm, pays interdit, un documentaire terrible car au coeur même d’une révolution lorsqu’elle n’a rien de victorieuse et sans « happy end ».

La peur au ventre

Entrée comme touriste, c’est du côté des femmes qu’elle a choisi de nous montrer de l’intérieur la résistance, de courir un mois durant à côté d’elles quand elles sont chargées par la police ou tentent, la peur aux ventre,  d’échapper aux gaz qui sont balancés partout dans les quartiers récalcitrants. De témoigner de ces arrestations, de ces disparitions, de ces corps mutilés que l’on rend aux familles qui lui ont demandées de filmer pour « que l’on voit », de ces jeunes qu’on condamne à 15 ans de prison, de ces avortements dus aux gaz. Et de cette colère de lire sur les cartouches renfermant ceux-ci « Made in Pennsylvanie ». Courage, espoir, souffrance, voilà les trois mots pour résumer ce qui se passe là-bas, dans l’indifférence internationale absolue et ce que la réalisatrice donne à vivre avec un beaucoup de pudeur et une maîtrise digne d’un prix Albert Londres. Respect.

LM

Diffusé sur Arte le 12 juin 2012 à 22h15

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