12 mai 2012
Jamais sans Deneuve

 

Cannes, c’est la fête du Cinéma! Et l’occasion pour tous les acteurs et professionnels de se retrouver sous les caméras tandis que la France entière entend parler de films qu’elle ne verra sans doute jamais ou en tous cas pas avant des mois. Arte qui, à l’image de toutes les chaines sera là bas et accompagne la production d’environ 45 films par an-propose pendant la durée du festival un cycle Pedro Almodovar-avec cinq films dont Volver et Etreintes brisées avec la sublime Penelope Cruz  et une soirée consacrée à la Reine Catherine. Comment peut-on parler autrement de cette actrice qui a su durer mieux qu’aucune autre avec cette blondeur qui irradie le cinéma français? Cette capacité qu’elle a de se réinventer, se mettre à chaque film en danger? Après le film Indochine, dans lequel elle interprète une femme dirigeant un domaine colonial, tourné il y a déjà vingt ans-et oui, le temps passe-où elle était à la fois forte et fragile, confirmant une fois encore l’étendue de son talent,  c’est à Anne Andreu dans le cadre d’un  Empreinte sur France 5, qu’elle a accepté de se confier dans ce documentaire réalisé en 2009. Enfin, confier, le mot est sans doute galvaudé tant cette femme aime à rester discrète en évoquant sa carrière, ses rencontres et ses drames comme la mort de sa soeur Françoise Dorléac à 25 ans dans un accident de voiture. C’est d’ailleurs elle qui voulait être actrice, ravissante brune avec un sacré tempérament alors que Catherine elle, avait cette douceur qui sied aux blondes. Le destin en décida autrement  pour celle dont « la beauté a été trouvée par Jacques Demy dans Les Parapluies de Cherbourg » souligne le réalisateur Benoit Jacquot. A travers les témoignages  de ceux qui ont eu la chance de travailler avec elle, Téchiné qui parle de « déchiffrer  un sphinx « et s’émerveille de « cette grâce de la débutante qu’elle a su conserver », ou Wargnier qui la voit comme une » impressionniste qui vous laisse plein de possible ». Catherine Deneuve, elle, commente, le regard quelquefois triste et son toujours beau visage un peu figé: « J’évolue mais je n’ai pas beaucoup changé ».  Elle explique alors comment elle peut se fermer « comme une huitre « si elle n’est pas en confiance avec son metteur en scène et comment elle se bagarrait avec Truffaut car elle a toujours considéré contrairement à lui que la vie est plus importante que le cinéma. Commentant les photos de sa vie professionnelle, elle revient sur son amitié avec Saint Laurent, la signature du manifeste des 343 salopes, son refus des décorations, ses carnets de notes tenus pendant qu’elle tournait avec Luis Bunel, son admiration pour Marilyn Monroe-insistant au passage qu’elle se trouve »jolie mais la beauté -non, d’autant que c’est quelque chose d’injuste dont il n’y a pas lieu d’être fier« . Un peu fourre tout, on finit pourtant ému après cette heure et demie en compagnie de l’actrice qui est devenue avec le temps comme faisant un peu partie de la famille, « actrice de rêverie » insaisissable et qui a très bien résumer la chose en appelant ses mémoires « A l’ombre de moi même ».

LM

 

Diffusé le 20 mai à 23h10 après Indochine-Arte

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