6 février 2016
Hauts les murs

 

migrantsC’est l’heure du repli pour tous. On laisse à feu et à sang le Proche et Moyen-Orient, vomissant son lot de réfugiés au portes de l’Europe, que chacun, une fois arrivés sur son seuil refile à son voisin comme une patate chaude. La Hongrie de Orban a depuis longtemps pris le parti de la xénophobie et entouré de barbelés ses frontières avec les Balkans, passage migratoire obligé. Moins médiatiques que les échecs de Frontex en Méditerranée ou le mur face à la Turquie, les milices espagnoles ne Melilla et Ceuta, enclaves espagnoles sur le territoire marocain, véhiculent depuis des années leur lot de violences, sinon de morts. Quand le Danemark a voté une confiscation des biens des immigrants, jusqu’aux éventuels bijoux et téléphone mobile, sur fond de polémique de réfugiés atterrissant en jet privé, que les électeurs ont semble-t-il gobé, et que la Suède a rétabli des filtrages dans les trains de l’Oresund, cet étroit détroit dans la Baltique qui la sépare de son voisin danois, entre Malmö et Copenhague, les camps de Calais plongent dans un marasme qu’il est devenu illégal d’aider : l’assistance à personne en danger y est officiellement devenu un crime sous le ministère Cazeneuve, « au nom de l’ordre public ».

Nom : réfugié ; situation : coupable idéal

Il a d’ailleurs bon dos celui-là depuis que l’Allemagne, et Cologne en particulier, s’est réveillée avec la gueule de bois après une Saint-Sylvestre sur fond d’agressions sexuelles. Eh oui, les malfaiteurs étaient d’origine immigrée comme dirait l’autre, et surtout maghrébine. Mais cela a -t-il vraiment à voir avec les flux d’hommes – surtout – et de femmes et enfants parfois, qui fuient la guerre et la misère ? A t-on besoin d’étrangers pour voir des femmes harcelées, violées ? Des molestations sexistes, racistes, homophobes ? Pas plus que les djihadistes, les délits et crimes machistes ne viennent de l’étranger : ils sont déjà sur le sol national. Il sera facile de plaider un défaut d’assimilation, quand rien, ou si peu, est fait pour l’évolution des mentalités. L’Autriche a, pour sa part, récemment édité un fascicule illustrée résumant les mœurs du pays, les choses permises et les interdites, pour des arrivants souvent de culture différente, généralement musulmane. Car les colonaises ne sont pas victimes de migrants, mais d’hommes qui se cachent derrière des croyances et des coutumes obsolètes et intolérables. Éduquer avant de punir, cela sonne aujourd’hui comme une vieille rengaine angélique gauchiste, pourtant plus que jamais nécessaire à l’heure où l’Europe se droitise et s’invente un nouveau politiquement correct sécuritaire. Mais il est tellement plus facile de livrer sa liberté à toutes les polices. Les citoyens sont de grands enfants qui confondent protection et surveillance généralisée : Google et les services secrets du monde entier vous ouvrent grands leurs bras.

Par Gilles Charlassier

Articles similaires