Grand spectacle

Grand Public,  c’est l’histoire d’un outsider qui coiffe au poteau le favori. Un peu comme le Jockey Club cette année (voir article). Avec le succès de C à vous sur France 5 ou Ça balance à Paris, le producteur Pierre-Antoine Capton s’y voyait déjà, aux commandes de l’émission culture de France 2, case aussi convoitée que casse-gueule, censée- en troisième partie de soirée- parler de culture sur une chaine généraliste. Mission de service public à un horaire sans publicité, capable d’attirer des artistes « bankables », donc ultra sollicités qui n’ont pas de temps à perdre-en général trois heures  pour huit minutes d’antenne. Et une audience à donner raison  à Goebbles qui hurlait que le mot culture lui donnait envie de sortir son flingue. Véronique Toranian, compagne de Franz-Olivier Giesbert, directrice de la rédaction du magasine Elle s’imaginait ainsi succéder à Elizabeth Tchoungui, avec l’espoir que les chiffres ne relèvent pas d’un accident industriel, en partie lié à la programmation en deuxième partie de soirée (3% de parts de marché) de feu Avant-Première.

Des sujets vraiment fouillés

Eric Hannezo et Guillaume Lambert, producteurs du film Les Infidèles (dont toutes les féministes, mais pas que elles, se souviennent des affiches) ont en quatre jours, avec Jean Philippe Leclaire, à l’origine de l’Equipe TV imaginé un concept où la culture sortait enfin du salon; des reportages et une mise en scène comme dans ce décor de cinéma, avec une voiture qui vous emmène en compagnie d’un invité là où les autres ne sont pas allés. Comme à New York pour l’exposition Warhol et ses héritiers au MET, Moscou avec l’affaire des Pussy Riots ou encore Nancy avec un  sujet sur les coulisses des prix littéraires. A chaque fois des reportages riches et fouillés qui prennent le temps-en moyenne six minutes- de vous raconter ce qui reste souvent à l’état de brève ou de resucée d’un dossier de presse dans les médias. Côté plateau, le rythme est enlevé avec aux commandes Aïda Touihri, pour le moins étrangère au sérail « germanopratin », transfuge de M6 où elle animait le journal et le magazine 66 minutes. A l’arrivée, voilà une superproduction qui tranche vraiment de l’ambiance intimiste et élitiste des émissions précédentes en espérant, vu les moyens engagés, que le spectateur suive (pour la première, c’est raté avec 5% de parts de marché et 360 000 spectateurs, plaçant France 2-qui disait être « contente » l’an dernier à 6% pour Avant Première– derrière NRJ12, NT1 ou Direct 8). Ce qui est certain, c’est qu’avec ce Grand Public, on ne pourra pas reprocher à France 2 d’avoir tout essayé…

LM

Grand Public, tous les jeudis à 23h15 revoir sur pluzz

Un décor de cinéma pour séduire un téléspectateur de plus en plus difficile à capter

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