Voilà donc la suite de notre newsletter spécial livres, avec depuis lundi dernier, des élus et des recalés. Mardi, Mathias Enard a offert un nouveau Goncourt, obtenu à l’unanimité du jury, à la belle maison d’édition Actes Sud ce qui pourrait lui rapporter jusqu’à trois millions d’euros. Laquelle confirme son « flair » déjà « goncourisé » il a trois ans avec Jérôme Ferrari et connait par ailleurs un carton « viscéral »(rires) avec Le charme discret de l’intestin de la jeune allemande Guilia Enders, illustré par sa soeur. Delphine de Vigan, radieuse en descendant le premier étage de Chez Drouant a reçu pour sa part le Prix Renaudot pour D’après une histoire vraie, à notre grande joie de voir cette écrivain à la sensibilité bouleversante être récompensée par un « grand » prix. Une nuée de journalistes, les pique assiettes habituels vu qu’aucune liste ne barre l’entrée du lieu, le Petit journal qui le tourne en dérision dans un sujet se voulant aussi drôle que Le petit rapporteur– du sous-sous Desproges, bref voilà surtout l’occasion pour les auteurs de décrocher la timbale. Comme Nathalie Azoulai qui a été la favorite du jury du Prix Médicis pour Titus n’aimait pas Bérénice (POL), un très beau roman qui part des désillusions d’une maîtresse face à un homme marié en 2015 pour revisiter l’oeuvre et la biographie de Racine, « c’est le supermarché du chagrin d’amour ».
Les Boltanski, une sacrée famille
Les dames du Femina ont pour leur part élu le journaliste Christophe Boltanski -neveu du célèbre plasticien Christian Boltanski-qui signe un premier roman-hommage à sa famille d’artistes qui a grandi autour d’une grand-mère charismatique dans un hôtel particulier de la rue de Grenelle-la « cache » qui donne son titre au livre publié chez Stock qui revient sur les années terribles de la guerre pour cette famille d’origine juive: « Nous avions peur. De tout, de rien, des autres, de nous-mêmes. De la petite comme de la grande histoire. Des honnêtes gens qui, selon les circonstances, peuvent se muer en criminels. De la réversibilité des hommes et de la vie. Du pire, car il est toujours sûr. » »
La famille encore et toujours
Histoires familiales encore avec, « d’après malheureusement une histoire vraie », Camille mon envolée de Sophie Daull, ou le premier roman de Violaine Bérot, Des mots jamais dits-nous y reviendrons– édité chez Buchet-Chastel; tel un conte, voilà l’histoire d’une aînée condamnée à être la mère de sa mère et de sa fratrie, avant de prendre un salutaire envol. Une écriture à la beauté saisissante, un récit envoûtant dès les premières pages qui décrivent l’accouchement effrayant de cette petite fille, premier fruit d’un couple fusionnel; et un livre autrement plus notable que le dernier opus familial de Christine Angot- Un amour impossible, livre sur sa mère qui, malgré des premières pages inspirées-la rencontre de ses parents- finit par devenir épuisant dans sa pauvreté d’écriture et cet inceste subi par l’auteur sans cesse ressassé. Salué par le Prix décembre, le livre doit être, sans peur ni reproche, laissé sur les présentoirs des supermarchés et autres Relais H au profit du remarquable Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon, publié aux éditions l’Iconoclaste, lequel était également en lice pour ce prix décerné lundi dernier. On vous en reparlera mais place aussi au cinéma, en restant dans la littérature, avec une très belle adaptation de Madame Bovary par Sophie et la nostalgie heureuse à revoir les meilleur moment d’Apostrophes qui fête ses quarante ans avec un documentaire, à défaut d’exister encore. Bonne lecture.