17 février 2023
Frida Kahlo, la mort en embuscade

On retient d’elle ce portrait tout en couleur, icônisé sur des milliers de produits dérivés. Il s’agit en fait d’une photo prise d’elle par le photographe Nickolas Muray en 1939 à New York. Cette même année, Frida Kahlo échappe à la mort à la suite d’une fausse couche hémorragique. Celle qui a contracté la polio à l’âge de 6 ans dans son village natal du Mexique, est depuis paralysée de la jambe et du pied droit, condamnée à porter un corset à la suite d’un accident d’autobus dont elle sort miraculée mais abimée à vie en 1925, elle a alors dix huit ans, la clavicule, la hanche et la colonne vertébrale touchées. Un drame, dont elle va faire lors de son hospitalisation un destin, appelons cela de la résilience, en commençant à peindre. Quatre ans plus tard, cette petite poupée va épouser le célèbre peintre Diego Rivera, de quatre fois son envergure physique. Avec lui, elle va découvrir les Etats Unis, de San Francisco à New York « une ville sortie de la magie », en passant par Détroit-« un dépotoir ».

Le communisme assumé

New York, c’est là que Rockefeller commandera une fresque restée inachevée à Diego Rivera où ce dernier y fera apparaître par ingéniosité… Lénine. L’engagement du couple pour le communisme, qui divorcera en 1939 pour se remarier quelques mois plus tard, ne sera un secret pour personne. C’est d’ailleurs, en manifestant à New York contre l’invasion du Guatemala, en 1954, après avoir été amputée du pied à cause d’une gangrène et contre l’avis des médecins, que Frida Kahlo décédera à 47 ans. Celle qui avait eu une liaison avec Troski en 1937 retrouvera sa maison d’enfance, la Casa Azul où seront dispersées ses cendres. Voilà pour la biographie de cette artiste qui a dessiné et peint toutes ses étapes cruciales de sa vie que l’on découvre dans l’exposition qui lui est consacrée au Palais Galliera. Car, Frida Kahlo a marqué les mémoires surtout par son style incomparable, des blouses de Tehuana typiques de sa région et des robes chamarrées dont une vingtaine sont exposées au public. La finesse de sa taille s’y révèle à moins que les tuniques ne recouvrent les jupes, associant coton, soie ou broderies. Les bijoux en or rappelant les Mayas sont aussi sa marque de reconnaissance tout comme ses corsets dont l’un d’eux exhibe la faucille et le marteau soviétique qu’elle y a dessinés. Habituée dès son plus jeune âge à prendre la pose, elle a tout, malgré sa petite taille, d’une mannequin.

Mannequin parfait

Un visage parfaitement symétrique, des sourcils qui se rejoignent pour affirmer sa singularité et un corps menu à l’image de Wallis Simpson, sur lesquels tout vêtement tombe parfaitement. Rien à voir cependant entre deux femmes, l’une choisissant un roi et ses millions de livres sterling, l’autre, un artiste et la vie de bohème comme à Paris où elle fera la connaissance d’André Breton ou Man Ray. Ses toiles respirent ainsi le surréalisme, la seule façon qu’elle ait trouvé,  peut-être, d’échapper à la réalité qui fut si dure avec elle, mais qui fit d’elle une artiste hors du commun à laquelle rendit hommage, avec tout son talent artistique, le créateur Jean-Paul Gaultier lors d’une collection complète au printemps-été 1998.

LM

Frida Kalho, au Palais Galliera, jusqu’au 5 mars 2023

 

L’arbre généalogique, version peinture et l’accident de bus, version dessin

Garçon ou fille?

Le surréalisme avant l’heure

Parce que c’était elle, parce que c’était lui- photographie avec son mari Diego Rivera

Aquarelle et toile de Frida Kahlo représentant son pied amputé, sa colonne fracturée

Parures de cheveux et colliers d’inspiration maya

Final de l’exposition, en beauté avec une robe de Jean-Paul Gaultier

 

 

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