27 avril 2017
FOG, les mots libres

L’homme aime dérouter, comme lorsqu’il vous lâche un « mais vous êtes con! » parce que vous ne trouvez pas le café où il vous a donné rendez-vous. « C’est ma caractéristique, je fais des blagues » s’excusera t’il;brut de décoffrage, il sait vite se faire pardonner, généreux dans les mots et dans les gestes, attablé dans son repaire bio du 10 ème arrondissement, déjà en retard pour ses autres rendez-vous. Car Franz Olivier Giesbert court; un roman, des articles, un documentaire sur la viande, des passages à la TV, des tweets, il ne se pose jamais, dort cinq heures par jour, passant du coq à l’âne. Mais quand il est là, il l’est vraiment, avec son regard qui malgré ses yeux mis-clos qui vous perce.

J’aimerai revenir sur votre combat pour la cause animale, vous êtes végétarien?

Oui, depuis tout petit. Mes parents étaient des bio bobos avec une ferme où on tuait les animaux, ça m’a traumatisé; ils m’ont aussi appris très jeune qu’une pomme trouée par un ver, c’était très bon car c’était le signe qu’elle n’avait pas été traité. Les carnivores me disent que je suis malade car je suis blanc mais c’est parce que je dors peu. J’adore aussi les arbres, les légumes, les jardins dont je profite lorsque j’ai le temps d’aller dans ma maison dans le Vaucluse.

Ce roman qui sort chez Gallimard, Belle d’amour, vous l’avez écrit en combien de temps?

Un an, j’ai écrit surtout la nuit, par séquence en dormant deux heures, puis en travaillant trois heures et ainsi de suite. J’étais tout le temps dans ces périodes d’écriture, dans les bars, dans les taxis. Le début du livre, je me relis puis après ça va vite, je suis dans un autre monde, grisé, barré. Après lorsque j’ai fini, je dois relire et ça c’est le travail que je n’aime pas, enlever les adjectifs, les adverbes. Celui ci je l’ai écrit trois fois.

Comment cette histoire qui se déroule au Moyen Age vous est venue?

J’ai toujours voulu écrire des romans depuis l’âge de 9 ans. Celui là est arrivé avec un personnage, Tiphanie; donc une anglaise comme il y en a beaucoup dans le sud-ouest, avec un visage long, blond vénitien. Elle va commencer à me raconter son histoire et comme je voulais ajouter un propos moderne, j’ai ajouté ce personnage d’universitaire marseillais, qui est un peu moi.

Vous n’avez pas eu peur que le Moyen Age rebute un peu votre lectorat?

Quand ça m’intéresse, je le fais. Je sais que je vais vivre un an d’enfer donc il y intérêt à ce que ce que ça me passionne. D’autant que si, plus on écrit d’articles, plus on va vite, un bouquin c’est toujours la même vitesse. Je ne m’interroge pas , c’est comme une apparition, je ne sais pas très bien où je suis. Comme disait Julien Green, j’écris mes livres pour savoir ce qu’il y a dedans.

Il y a nécessairement aussi une phase de documentation lorsque vous vous attaquez aux Cathares…

C’est des sujets que j’avais en tête depuis longtemps, donc pas vraiment.

Vous êtes passé de l’Obs au Figaro, vous n’avez pas de conviction politique?

J’ai toujours été de « drauche ». Je crois qu’il y a des éléments à prendre des deux côtés, je déteste les sectarismes. Je reste journaliste dans l’âme et m’intéresse à cette campagne. Marine Le Pen m’a étonnée, elle est vraiment bonne à la télévision.

Vous tweetez beaucoup aussi, ce n’est pourtant pas un mode de communication des plus pertinent…

Je retweete surtout et m’informe avec en étant abonné à plein de médias américains, je vais par ci par là, on voit tout en direct. Les campagnes ont toujours échappé aux médias, ce n’est pas nouveau aujourd’hui, regardez pour Jospin ou Balladur. Les médias portent un peu la poisse. Ce qui est nouveau, c’est la violence comme aux Etats-Unis.

Et de taper sur les journalistes?

Mais on tape beaucoup sur les hommes politiques, c’est normal qu’ils fassent la même chose! Je ne vois pas pourquoi nous aurions tous les droits. J’en prend plein la gueule aussi.

Pourquoi Macron est-il le chouchou des médias?

Macron incarne un changement, il s’est très bien positionné et ne fais pas d’erreur.

Faut que j’y aille, vous m’appelez! Le voilà déjà levé, me lançant « elle ne sait pas comment ça marche » parce que je peine à arrêter mon enregistreur. Cash, le Franz, à prendre ou à laisser…

Par Laetitia Monsacré

 

 

Articles similaires