12 mars 2015
Florence Arthaud, le ciel après la mer

4590284_3_a72d_florence-arthaud-le-17-avril-1998-a-lorient_df0bfd5cf96339c37d731c304eda5b95

Il est souvent difficile de respecter la parité dans cette galerie de portraits. Les hommes sont majoritaires, dans les arts comme partout. Le féminin de marin n’existe d’ailleurs pas. Florence Arthaud l’avait pourtant inventé, en devenant « la petite fiancée de l’Atlantique »- ce surnom pour le moins machiste lorsqu’elle avait remporté à 33 ans, minerve au cou,  la Route du rhum, la plus importante transatlantique en solitaire au monde. Le courage ni la langue dans sa poche, cette fille née dans une famille bourgeoise d’éditeurs- les éditions Arthaud- avait souvent croisé la mort avant que celle-ci ne la « cueille » en plein vol, à 57 ans, cette semaine dans un crash d’hélicoptère. 17 ans, un accident de voiture: coma, paralysie, six mois d’hôpital à Garches qui deviennent son révélateur-comme tant d’artistes-Sam Francis, Niki de Saint Phalle ou de gens qui y rencontrent leur destin pour celle qui disait: « La vie est un cadeau, il faut la vivre pleinement et croire toujours en son destin ».1986, elle déroute son bateau pour porter secours à Loïc Caradec et retrouvera le catamaran du marin, vide. 2011, c’est elle qui tombe à l’eau, échappant grâce à son portable- à la différence d’Eric Tabarly-à la noyade.

La mort, accompagnatrice fidèle

« Femme à la mer », l’expression aurait mérité de se décliner au féminin, ce jour là, tant Florence Arthaud fut une louve de mer. Se battant pour trouver des sponsors qui lui préférèrent en 2010, pour fêter les 20 ans de sa victoire dans la Route du rhum, un homme. Luttant à terre contre l’alcool ou la détresse de perdre son frère qui se suicida en 2001, devenant mère d’une petite fille en 1996, autant de combats ou de bonheur sur lesquels elle revenait, après une autobiographie publiée en 2009, dans son livre à paraitre le 19 mars, Ce soir la mer est noire, dont elle devait assurer la promotion au prochain salon du livre qui devrait lui rendre hommage à partir du 20 mars à travers des lectures de ses amis marins. Le monde de la voile est en deuil. La fille de la mer est morte en fille du ciel. Et nous les femmes sommes toutes émues d’avoir perdu une de celles qui nous représentait si fort, dans nos forces comme dans nos faiblesses. Farewell Florence.

Par Laetitia Monsacré

Articles similaires