23 décembre 2017
Fêtes en habits de tradition à Liège

 
A l’heure des fêtes de fin d’année, les maisons d’opéras prennent souvent un parfum d’opérette, tentation pour oublier les tracas du quotidien. Liège a choisi de ne pas y céder cette année, en remettant à l’affiche le Rigoletto réglé par le directeur de l’institution wallonne, Stefano Mazzonis di Pralafera, et dont les mélomanes gardent le souvenir pour l’incarnation de Leo Nucci il y a deux ans. Mais les chefs-d’œuvre du répertoire ne se contentent jamais d’une interprétation, fût-elle magistrale, et ce ne sont pas moins de deux distributions qui alterneront sur la scène liégeoise jusqu’au Nouvel an pour servir Verdi.
S’il est une tradition qui est ici respectée c’est celle de la mise en scène, dans des décors de carton-pâte où ne manquent pas les éclairs de la tempête en toile de fond ou les tableaux de maître chez le duc, ni les robes ou la fraise en cour à l’époque de François Ier, qui a inspiré la pièce de Victor Hugo, Le Roi s’amuse, que l’opéra de Verdi a adaptée. Pour autant, la direction d’acteurs ne se contente pas de cette fidélité de bibliothèque et sait expliciter les mobiles du drame. Ainsi, devant le rideau pendant le prélude, Marullo guette les effusions des adieux de Rigoletto et sa fille Gilda, pour colporter la rumeur d’une maîtresse du bouffon, que l’on enlèvera à la fin du premier acte. L’imploration du père à la recherche de Gilda, face à Marullo, dont il dit le coeur bon, ne résonnera qu’avec plus d’ironie.
 
Une mise en scène fidèle
 
Dans le rôle-titre, George Petean se révèle d’une solidité sans faille, un peu rugueux dans son humiliation et sa soif de vengeance. Jessica Nuccio contraste par sa Gilda juvénile, un rien verte, au diapason de la naiveté du personnage et qui assume les exigences de la légèreté de la tessiture. En duc de Mantoue, Giuseppe Gipali n’économise pas sa vaillance, qu’il privilégie à des raffinements que n’exige pas nécessairement la partition. 
Le reste du plateau se conforme aux stéréotypes dramatiques du livret. Luciano Montanaro assume la rudesse de l’homme de main Sparafucile, quand sa soeur, Maddalena, revient à Sarah Laulan, en évidente possession de ses moyens. Roger Joakim rassemble l’énergie fatiguée d’un Monterone blessé. Patrick Delcour sait distiller la malignité de Marullo, aux côtés des autres courtisans, du couple comtal Ceprano, Alexise Yerna et Benoît Delvaux, en passant par le Borsa de Zeno Popescu, sans oublier les interventions de l’huissier Victor Cousu, ou du page adolescent par Charlotte Jakobs, ainsi que celles de la Giovanna de Beatrix Papp. On saluera également les chœurs, efficacement préparés par Pierre Iodice, comme la direction vigoureuse de Giampaolo Bisanti.
 
Par Gilles Charlassier
 
Rigoletto, Opéra de Liège, jusqu’au 2 janvier 2018

 

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