15 septembre 2012
Ferveur pianistique aux Jacobins

Depuis trente-trois ans, tous les amateurs de piano prennent en septembre leur billet pour Toulouse. C’est que le cloître des Jacobins est, aux côtés de La Roque d’Anthéron, leur autre Mecque. Ici ce ne sont pas les cigales qui jouent les basses continus, mais le souffle discret du vent à travers les cyprès de la cour intérieure de ce joyeu de gothique occitan, tout de rouge vêtu, et où l’on devine des bribes de fresques dans la chapelle. Chaque année, les grands noms, comme Henri Barda, le pianiste attitré de Jerome Robbins, ou Krystian Zimerman, côtoient les découvertes de Catherine d’Argoubet et Paul-Arnaud Péjouan, toujours à la recherche de nouveaux talents à présenter au public français, comme Simone Donnerstein, jeune américaine dont la célébrité outre-atlantique n’a pas encore amarré sur nos rivages européens.
Si elle entame son récital avec un Nocturne de Chopin, maintenu dans une sorte d’hésitation affective teintée de mélancolie, c’est avec Bach qu’elle a conquis les galons de la renommée. Son toucher cristallin, légèrement froid au début, mais gagnant ensuite rondeur et douceur, décante impeccablement, sans insister, la polyphonie des deux premières Partitas pour clavier. Jamais didactique, elle va à l’essentiel. On sent à la fin frémir une impatience jubilatoire, celle de la quintessence spirituelle de Bach. Comme happé par ces éclats d’éternité, on en oublie le garde-chiourme qui à l’entrée semblait confondre l’accueil du public avec une colonie pénitentiaire.

GL

Piano aux Jacobins, jusqu’au 28 septembre 2012

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