27 janvier 2012
Et le gagnant est…

Les Césars contre les Victoires. Ce matin, il fallait choisir. D’ailleurs, la culture n’est-ce pas avant tout savoir choisir? A l’image de la vie…Bref, Au Fouquet’s, « brasserie extrêmement populaire » comme s’est amusé à le rappeler Antoine de Caunes qui présentera à nouveau , évidemment sur Canal Plus, les Césars le 24 février au Théâtre du Châtelet- on ne change pas une équipe qui gagne. C’était donc branle-bas de combat ce matin avec toute la presse cinéma conviée. Avec une demi-heure de retard, as usual, l’acteur, auteur, réalisateur et donc animateur a dévoilé avec Alain Terzian, Président de l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma, les nommés (si nominés est passé dans l’usage, l’Académie française ne le reconnait toujours pas) élus de façon tout à fait démocratique par 3 880 votants exactement représentant le monde du cinéma comme on dit. Créés en 1975, c’est plus du double de films qui sortent désormais comme l’a rappelé Terzian; de quoi en laisser au passage quantité sur le carreau surtout lorsqu’ils ont eu le malheur de sortir après le rouleau compresseur d’Intouchables, monopolisant des centaines de salles en France…mais il n’était pas question ici de gâcher la fête ni de polémiquer. Pour preuve, l’affiche de la 37ème cérémonie des Césars représente Annie Girardot qui rappelons-le, a vraiment été lâchée en beauté par la grande famille du cinéma pendant plus de quinze ans.On se souvient tous de ces pleurs sur scène en 1996, où elle avait dit « Et votre témoignage, votre amour, me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte. » Donc, on s’aime tous et on se réjouit que 2011 soit un record absolu d’entrée en salles depuis 45 ans.

Intouchables, incontournable

Et que les Oscars viennent d’adopter notre système de vote électronique-pour une fois que les frenchies font la nique aux américains! D’ailleurs, les Oscars et The Artist occupaient pas mal les conversations « J’adore les Oscars, tu y vas ?« -genre to be or not to be- et dans l’affirmative « Tu pars à quelle heure? « . Quand au film de Michel Azavanicius, nommé-un record absolu- dix fois à la « so glamour » remise des prix à Hollywood (résultat des courses le 26 février, deux jours après les Césars, juste le temps de sauter dans un avion pour certains), il est désormais obli-ga-toire de le soutenir mordicus au risque d’être accusé d’anti-patriotisme, alors que la production le vend depuis des semaines aux Etats-Unis en évitant soigneusement qu’il soit considéré comme un film français…vive les paradoxes! Mais revenons à César et cette présentation où De Caunes ouvrit l’enveloppe cachetée « on découvre en même temps que vous »– et ne manqua pas d’humour-citant les courts métrages nommés « J’aurais pu être une pute « ou « Je pourrais être votre grand mère » en précisant que c’était les titres et non une annonce quelconque de sa part. De quoi nous détendre car pour la prise de notes, à moins d’être une sténo dactylo, aucune chance de s’en sortir avec la liste. Chacun regardait sur son voisin comme à l’école, hagard ou stressé-selon, tandis que Terzian se félicitait de cette « magnifique » sélection. C’est vrai qu’il y du » lourd « cette année comme on dit avec plusieurs « premiers rôles » dans les mêmes films comme pour Intouchables et Polisse, lesquels avec neuf et treize nominations arrivent dans le quatuor de tête avec l’Exercice de l’Etat et The Artist. Pour les comédiens, les nommés sont passés à 7 ce qui élargit encore la compétition qui opposera Philippe Torreton à Omar Sy, Denis Podalydès à Jean Dujardin, François Cluzet à Olivier Gourmet et enfin, Sami Bouajila fantastique dans Omar m’a tuer. Coté filles, Valérie Donzelli, pour La Guerre est déclarée, Bérénice Béjo, pour The Artist, Ariane Ascaride, pour Les neiges du Kilimandjaro, Leïla Bekhti, pour La Source des femmes, Marie Gillain, pour Toutes nos vies, Karin Viard et Marina Foïs, pour Polisse sont en lisse pour la statuette compactée. Enfin, le meilleur film de l’année, Pater d’Alain Cavalier et notre chouchou, Le Havre de Aki Kaurismaki- également nommé pour les décors et meilleur réalisateur-tenteront leur chance face aux poids lourds que sont Intouchables-que l’on pourrait rebaptiser Incontournables-, The Artist-« le film qui enchante l’Amérique » comme on nous le vend désormais sur les affiches parisiennes- Polisse (que nous on a pas aimé-osons le dire),  la Guerre est déclarée et l’Exercice de l’Etat, les deux surprises plébiscitées de la rentrée par le public et la critique. « Tu sera mon fils » qu’on avait beaucoup aimé ne remporte qu’une nomination, idem pour Les femmes du 6ème étage. Mais bon, il ne peut y avoir de la place pour tous le monde même si en meilleur film étranger, le vote promet d’être cornélien entre le Discours d’un roi, Incendies, Melancholia et Une séparation- des films très différents mais tous autant « inspirés » auxquels s’ajoutent Black Swan, Drive et un Gamin à vélo.

Victoires classiques

Plus mode, et exactement à la même heure que les Césars, les Victoires de la Musique classique avait choisi le nouveau restaurant de l’Opéra Garnier pour annoncer les sélectionnés de cette 19ème édition retransmise sur France 3 et Radio France en direct du Palais des Congrès de Paris  lundi 20 février à 20h35. Commencée à l’heure autour d’un petit déjeuner servi à une  table unique où journalistes et présentateurs- Louis Laforge remplace cette année Marie Drucker auprès du génial Frédéric Lodéon, avaient pris place. Une soirée qui reste la plus grande scène offerte à la musique classique diffusée en prime-time. Si le schéma de l’émission est parfois critiqué sur sa forme répétitive-je remercie ma famille, mon instrument, etc…, Frédéric Lodéon, comme Yann Olivier, le Président des Victoires de la Musique Classique sont d’accord sur un point : « c’est avec les bons ingrédients que l’on fait la meilleure cuisine ». Ils sont donc fiers d’annoncer une série d’artistes de qualités, plus ou moins connus. De la pétillante et médiatique Patricia Petibon – nommée dans la catégorie artiste lyrique- à, moins connu, Alexandre Tharaud –au piano- en passant par le compositeur Nicolas Bacri. La catégorie révélations de l’année amène avec la harpiste Pauline Haas-19 ans, la plus jeune de la sélection-comme il est d’usage, une touche de fraîcheur ainsi qu’un peu de renouveau dans la liste des têtes d’affiches- artistes généralement présents d’une année à l’autre dans les quatre autres catégories à comparer aux 21 des Césars. Il y aura donc des invités pour « meubler », en musique bien sûr, comme la grande soprano Renée Flemming qui recevra une Victoire d’honneur, des pointures comme Natalie Dessay et Nathalie Stuzmann ou encore le formidable Jean-François Zygel, qui, au passage,  aurait formé un duo du tonnerre avec Frédéric Lodéon à la présentation.  L’objectif est en tous les cas de réussir « l’association de deux mondes qui ne se rencontrent pas en général ». Entendre,  musique classique et grand public. Ainsi,  le réalisateur, Franck Broqua s’attellera à fournir un décor en adéquation avec le travail de l’artiste et l’attente du téléspectateur. Et si les morceaux joués seront courts- à la différence des normes habituelles en matière de musique classique- ce qui ne manque pas de  décevoir les auditeurs aguerris, ils permettent à un large public de se faire une idée de ce répertoire.

Un pari jusqu’à présent  réussi- l’audience des Victoires de la Musique classique est en augmentation depuis ces trois dernières années, contrairement aux Molières, dont la retransmission par France Télévision n’est toujours pas acquise.

 

 

Par Laetitia Monsacré et Sarah Vernhes

Nuées de cameras au Fouquet’s,   décor ô combien populaire…

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