16 décembre 2011
Espion, envole-toi !

Sale temps pour les agents secrets. Alors que James Bond tente de regagner ses lettres de noblesse sous la férule de Sam Mendes avec le prochain, Skyfall, actuellement en tournage, que Jack Bauer a disparu de la télévision dans le désintérêt le plus total et que Jason Bourne est au placard, il en reste un qui ne chôme pas : Ethan Hunt.
A vrai dire, on n’attendait pas grand chose de ce 4e épisode de la franchise Mission : Impossible, si ce n’est, peut-être d’étudier en 3D la nouvelle coiffure de Tom Cruise.
Au final, le film de Brad Bird qui a signé Les indestructibles, se révèle comme une série B d’excellente facture, dont le mérite, assez exceptionnel par les temps qui courent, tient en un mot : son humour.
Jamais mise en scène et acteurs ne se prennent au sérieux. On est dans ici dans un film d’espionnage « old school » sur fond de guerre nucléaire entre Russie et Etats-Unis. Pour résumer la pensée des scénaristes, un fou furieux veut établir la paix mondiale en créant une guerre nucléaire.
Et c’est la force de la réalisation de Brad Bird, qui opte pour une mise en scène jouant énormément avec la longue focale, et dont le format IMAX (bien meilleur que la 3D) ne fait que renforcer l’impact immersif des aventures.
Pour son premier long-métrage en prises de vue réelles, Brad Bird,  génial artisan de chez Pixar, donne un ton particulier à cet épisode, presque celui d’un sérial , ces séries et comics américains des années 30. L’action y est tellement grossie, allongée, et suspendue à tant de climax, cliffhangers et autres rebondissements, qu’elle apparaît comme purement cartoonesque.
Au centre de ce maelström de gags et explosions, le Woody Woodpecker d’Hollywood, Tom Cruise. Il court, saute, vole et rebondit partout, sans aucune limite. Son personnage se rapproche de celui, déjà très second degré du film de James Mangold, Night and day. Et le spectateur de se faire cette réflexion : où l’acteur américain passé chez Spielberg et Kubrick tire-t-il son énergie ? Exit la fébrilité captée par J.J. Abrams dans le troisième volet – cf l’intense scène de torture par Philipp Seymour Hoffman, et retour à une énergie brute, à une forme plastique l’inscrivant comme un héros transgenre. Et cette impression qu’en tant qu’acteur-producteur, il serait une sorte de Dorian Gray post-moderne, de représentant ultime du cinéma pop américain. A le voir étaler des pectoraux imberbes et luisants, mèche en pleine tronche, on se dit que l’ado pas vraiment sérieux et asexué de Risky Business est resté fidèle à lui-même.

« Mission : Impossible – Protocole fantôme », de Brad Bird, en salle depuis le 14 décembre 2011.

Par Benjamin Walter

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