30 avril 2013

Après le karaté, la danse, voilà le poney. Et ce sentiment que « c’était mieux avant » qui s’impose lorsque l’on a soi-même été cavalier. Autant le kimono ou le tutu n’ont pas bougé d’un iota en vingt ans, autant côté équitation, il n’est plus question de ces jolies bombes en velours remplacées aujourd’hui par des casques qui donnent aux enfants des allures de Robocop. Rajoutez les gilets de protection et c’est tortue Ninja à cheval…On est loin des chutes joyeuses de ces années « folles »où la plupart des poneys étaient montés à cru, histoire de vous apprendre ce qu’était de remonter immédiatement après un beau gadin, vous donnant au passage confiance et une assiette irréprochable à vie. Quant à l’ambiance des poney-clubs, il n’y a que l’odeur du cheval que l’on n’a pas encore réussi à « aseptiser ». Elle est toujours là même dans ces installations ultra modernes où l’on peut se retrouver, comme au Pôle International du cheval -excusez du peu-de Deauville (avec à la clé 20 % d’augmentation de la taxe foncière et d’habitation), derrière une vitre à regarder sa progéniture tourner sur un poney, avec pour tout son, le bruit de moteur d’un distributeur de canettes bien sucrées dans le dos. Rien d’autre n’a été prévu pour la convivialité qui va avec la pratique du cheval, a fortiori pour des enfants pour lesquels traîner au contact des chevaux et les panser est aussi important et ô combien plus long que de les monter. Las, c’est en équilibre debout sur une chaise, dans la commune voisine que l’on finit alors, dans le froid, afin de les apercevoir dans un manège tout neuf où rien n’a été prévu pour le pauvre spectateur. Quant à boire quelque chose pour se réchauffer, le club-house est un chalet de 10 m2, avec juste une table pour encaisser les chèques et gérer le planning- du low cost,  bien loin du club L’Oxer qui existait il y a encore une dizaine d’années.  Laissé à l’abandon malgré toutes ses qualités-proximité de la plage, terrasse pour s’installer avec un bar, manège convivial, il ne sera bientôt plus réservé qu’à l’usage unique d’un particulier qui se pince de faire de la compétition. Avec déjà des installations cinq étoiles à l’arrière où il ne manque que des écrans plats dans les boxes pour divertir les chevaux, cette institution où, de Marina Hands à tant de Parisiens ou locaux apprirent à monter à cheval,  va être définitivement privatisée. Le bien commun qui passe aux mains des plus riches et les autres qui n’ont plus accès qu’à ce que l’on nomme »démocratique », c’est-à-dire du cheap comme dans de plus en plus de domaines. Voilà qui donne sacrément envie d’être du bon côté avec cette idée que pour satisfaire ses valeurs, il faut désormais  avoir beaucoup d’argent et donc être par ailleurs prêt à ne pas toujours toutes les respecter…

Par Laetitia Monsacré

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