20 octobre 2011
En train, les poches presques vides

La Grèce croule sous les dettes, moi aussi. C’est la crise, tout le monde vous le dira. Et pourtant, l’homme moderne, toujours plus mobile, ploie toujours davantage sous le faix de la SNCF – vous savez ce bastion de la résistance au libéralisme sauvage qui prend régulièrement en otage ses clients – et ses tarifs qui s’envolent toujours plus haut. Le TGV, fête ses trente ans, et pour l’occasion la matrone a décide de se faire madone pour les moins de trente ans – enfin plus exactement les 26-30 ans, le segment des jeunes pros, jusqu’alors trop vieux pour être jeunes. Me voilà donc subissant d’un coup un retour d’horloge, rien que commercial fort heureusement avec grâce à cette  édition limitée à 400 000 exemplaires l’impression de boire un  élixir de jouvence. L’intérêt de la chose s’arrêterait là si la régulation des champs tarifaires ne réservait quelques autres  joyeusetés. Il suffit en effet parfois de quelques euros supplémentaires pour poser son derrière sur un siège de première – et avec mon âge qui augmente, un peu d’espace commence à ne plus relever du superfétatoire. Mais, il me faut alors savoir renoncer à un trajet direct comme sur ce Paris /Angoulême que je m’en vais vous conter.  Sauf à accepter une arrivée à 23 heures, 80 euros était un investissement minimum, qui plus est en seconde. J’ai donc pris l’habitude de découper mes voyages. En changeant à Tours pour un TER avant de reprendre un TGV à Poitiers et c’est la moitié de la somme- en première s’il vous plait. Et il me plait si l’on excepte le parcours en TER, lequel est en classe unique. Me voilà donc  dans un club quatre resté inoccupé avec  le doux vagissement d’un bébé à quelques sièges de moi. Eh oui, la première n’est plus ce havre de paix qu’elle était. Mon ordinateur branché, j’amorce les premières de la nouvelle que vous avez sous les yeux – je ne sais pas vous, mais moi, je ne peux pas travailler seconde. Le résultat ? Trois heures trente-neuf au lieu des deux heures trente  pour un trajet direct.  L’avantage ? Préserver l’étiquette, au prix le plus serré, avec en prime un peu d’exercice et l’air frais de Touraine et du Poitou . Ma colonne vertébrale me remerciant – parce que je le vaux bien.
Mais tout cela prendra bientôt fin. Car, l’an prochain, à part si je loue des enfants ou les fais moi-même dans l’année- la carte Enfant + offre des réductions conséquentes- je serai de facto condamné au plein tarif. Il restera alors l’avion – on en reparlera.

par Gilles Moîné-Charrassier

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