7 décembre 2011

 

C’est en se promenant le long du jardin du Luxembourg que Jim, le griffon du Pariser, a développé son goût pour la politique… N’était-ce pas merveilleux en effet de se glisser entre les montants de la grille et aller fureter dans ce jardin- propriété des sénateurs, et interdit aux chiens en liberté ? Partout, il allait, sans crainte malgré les gardiens aux sifflets ou les gendarmes protégeant l’accès du Sénat, y compris rue de Vaugirard. Et c’est après avoir sympathisé avec nombre de sénateurs aux costumes immaculés sur lesquels il lui arrivait bien souvent, emporté par sa joie de vivre, de poser ses pattes, qu’ils fussent dans la rue ou devant leur kiosque attitré (tenu par le formidable Dédé) que l’idée de frayer avec le monde politique lui est venue… A fortiori, en cette année décisive – enfin peut être pas trop pour lui, mais bon… C’est donc cette semaine que débute sa couverture de la campagne avec comme premier déplacement, quittant le pays des Pariser, Berlin qui possède une place du même nom… sur les traces de François Hollande.

 

« Kamaraden, wir gewinnen zusammen ». J’ai d’abord cru que c’était la chancelière Angela Merkel qui annonçait  une sortie de crise de la zone euro ; mais, non il s’agissait bien de François Hollande qui parlait, en conclusion de son discours applaudi debout, lundi matin, par les militants du Parti social-démocrate allemand (SPD) réunis en congrès à Berlin. Germanophone, le candidat socialiste à l’élection présidentielle ? Pas vraiment. Mais, il a fait l’effort de conclure sa demi-heure d’intervention par deux phrases dans la langue de Goethe, promettant des lendemains qui chantent, si possible pour lui au printemps 2012 et un an plus tard pour le SPD, qui espère chasser les démocrates-chrétiens du pouvoir lors des législatives de septembre 2013. « Camarades, ensemble, on va gagner », a-t-il donc conclu dans un allemand un peu scolaire mais suffisamment correct pour être compris de son auditoire. Agrégé d’allemand et fin connaisseur de la Germanie, le député-maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, qui l’accompagnait dans ce voyage, aura sans doute été de bon conseil… À moins que ce ne soit sa compagne – d’origine alsacienne – Valérie Trierweiler, assise au premier rang pour l’écouter, qui l’ait fait répéter…

Dans les yeux

Arrivé dimanche à Berlin, le couple avait commencé par faire un tour en ville, envahie par les marchés de Noël. Après le discours devant le congrès du SPD, un debriefing avec ses conseillers – Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis – François Hollande était enfin à notre portée, dans les fauteuils de l’hôtel Hyatt où nous avons eu, avec mes autres collègues de la presse, droit à un petit déjeuner des potron-minet.  Au menu : jus de pomme, petits pains à la cannelle et un ancien premier secrétaire d’humeur égale, même tôt le matin, c’est-à-dire souriant et attentif à serrer les mains en regardant chacun dans les yeux, pendant qu’à Paris, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se pressaient une nouvelle fois au chevet d’une monnaie unique.                                

De quoi présenter ce croisement d’agenda comme une coïncidence heureuse pour les proches de François Hollande, qui voient leur candidat se hisser ainsi « au niveau de Nicolas Sarkozy ». Et de se réjouir à l’avance que la chancelière allemande reçoive à priori le député de Corrèze début 2012, comme elle avait accepté de faire il y a cinq ans avec Ségolène Royal- juste avant le premier tour.
Mais cette  entreprise de séduction du « Berliner Hollande », qui a plaidé pour relation « équilibrée » entre la France et l’Allemagne, mettra-t-elle un terme à la polémique « germanophobique » de ces derniers jours en France ? L’avenir le dira. L’affaire a en tout cas fait très peu de bruit outre-Rhin, où la presse a préféré saluer le discours en forme de leçon d’histoire prononcé dimanche au même congrès du SPD par l’ancien chancelier Helmut Schmidt.
À 92 ans, l’ancien homme fort du pays (1974-82) désormais en chaise roulante, a ému toute l’assistance par sa sagesse, mettant en garde contre la « défiance latente » des Européens vis-à-vis de l’Allemagne et invitant à plus de solidarité dans l’Union européenne. Et damner le pion à Hollande ; toute la presse allemande en a fait ainsi sa « une » lundi.
Avec Madrid à la mi-octobre, Bruxelles la semaine dernière et Berlin, François Hollande a en tous cas bouclé une première virée européenne. Et se prépare bientôt à labourer le terrain avec les grands meetings, début 2012 où je ne manquerai pas d’aller fourrer ma truffe… D’ici là, rendez vous ce soir avec François Bayrou pour mon prochain plus ou moins embedded…

Par Jim

Articles similaires