Rosebud/ Ecrin floral

Au carrefour de l’Odéon, les whiskies ont remplacé les fleurs; il faut désormais faire quelques pas de plus pour retrouver place de l’Odéon dans une minuscule boutique écrin Vincent Laissard et Cyril Corson, deux anciens de cette boutique Christian Tortu où les fleurs étaient traités comme matière à art. Il y a des gens qui vendent les fleurs et d’autres qui les aiment. Qui les choisissent en respectant les saisons, proposant des roses Piaget en hiver à qui aime les pivoines, du feuillage rare ou des Mona lisa-grosses anémones avec les premiers froids. Ici, vous pourrez repartir avec une simple tige de pavot comme un bouquet de 250 euros, traité pareil. Car depuis quand les fleurs seraient-elles un luxe? La vie qui s’offre sous vos yeux jour après jour, tel pétale décidant de s’ouvrir, tel autre non? Vases, bougies parfumées complètent cette miniature de boutique qui a toutefois reussi à caser un traineau, clin d’oeil au film Citizen Kane d’Orson Welles dont elle tire son nom-Rosebud.« La caméra doit être l’oeil dans la tête du poéte et la pellicule un ruban de rêve » cet habitué de la place écrivait-il. Ruban qui, en rouge, a inspiré ces deux hommes qui auraient pu être frères et que l’on retrouve pour nouer chaque bouquet. Après avoir accueilli Pablo Reinoso, artiste argentin qui, après  avoir fait travailler les créateurs de la boutique dans son jardin non loin de là, leur a offert d’étonnantes bêches et pelles qui semblent sorties d’un conte, ce sont les champignons géants de Fabien Rochoux, un sculpteur en rocaille- structure métallique recouverte de ciment modelé et rainuré qui ont pour ce printemps investi la vitrine.  Et traité en lampes ou en « land art »-le banc proposé à 3 000 euros est une merveille-répondent aux corolles des fleurs. Alors, n’hésitez pas, aller fleureter là-bas, vos envies-florales-seront toutes exaucées.
LM

Rosebud 4 place de l’Odéon-installation de Fabien Rochot jusqu’au 14 mai

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