1 février 2013
D’une comédie l’ autre

Une bonne comédie à la Franck Capra contre un mauvais remake de Claude Sautet. Happiness Thérapy et Amitiés Sincères sont tous deux sortis cette semaine. Le premier, sélectionné pour les Oscars grâce au lobbying redoutable d’Harvey Weinstein (rappelez-vous, the Artist c’est lui) offre un scénario au cordeau et un casting du tonnerre.  Imaginez un homme qui, un jour, a disjoncté et a presque tué l’amant de sa femme dans un remake de Psychose, les ayant trouvés en train de faire l’amour sous la douche familiale… Le film commence huit mois après, où tout juste sorti de l’hôpital psychiatrique, il ré-emménage chez ses parents, bien décidé à reconquérir sa femme malgré l’injonction juridique qu’il a de rester à distance. La première demi-heure du film met sous tension, parvenant quasiment à vous faire sentir dans la peau de cet homme « borderline », capable de réveiller tous ses voisins au milieu de la nuit car il ne trouve plus la VHS de son mariage…« Je ne filtre pas ce que je dis », autant dire que cela se révèle un handicap dans les dîners en ville comme celui où son ami lui présente la soeur de sa femme, Tiffany.

Dialogues brillants

Et là une scène d’anthologie où ce couple improbable parvient enfin à échanger deux mots en comparant leurs antidépresseurs  « Tu as pris quoi toi? -Et Toi? » Xanax, Effexor, Lithium, vous aurez la liste complète de ces pilules qui luttent contre la dépression et la bipolarité. Car Tiffany a, elle aussi, eu sa dose; son mari flic fauché par une voiture, la laissant désespérée au point de  devenir mythomane pour soigner son chagrin. Alors ces deux êtres à la dérive vont signer un pacte: elle l’aide à récupérer sa femme, et lui devient son cavalier pour le concours de danse sportive…Vous avez deviné la suite; sur fond d’un projet à la Dirty Dancing, ils finiront après un long suspense par tomber amoureux tandis que le père de Pat avec sa folie des paris en tous genres remportera enfin la mise.. Bradley Cooper et Jennifer Lawrence- hallucinante de maîtrise- forment un duo d’enfer complétés par des rôles secondaires épatants comme Robert de Niro, génial avec sa gourmette, ses tricots de peau et son air de chien battu quand son fils lui refuse quelque chose, dans ce rôle de père universel. La famille est en effet au centre du film, qui loin de n’être qu’une bluette, montre que l’on peut toujours s’en sortir et qu’à deux,  on est plus fort…

Au secours, Sautet, reviens!

De l’autre côté de l’Atlantique, voilà Amitiés sincères qui se déclare dans la droite lignée des films de Claude Sautet- rien que ça. Et reprend ainsi certaines composantes de César et Rosalie, comme l’amitié, la maison à Noirmoutier, les bonnes bouffes. Sauf que le réalisateur n’a rien su rendre d’universel dans cette plongée en  boboland où l’ on habite dans une maison en plein Paris, on roule en 4×4, on offre un appartement à sa fille étudiante et où l’on se retrouve chez l’ami libraire-homosexuel mais tout le monde l’ignore- toutes les semaines pour casser la croûte en ouvrant de grands crus… Gérard Lanvin campe un père possessif qui fait penser à Bernard Tapie, c’ est dire la finesse de jeu, Jean Hugues Anglade montre qu’ à son âge il est encore bien conservé en s’envoyant en l’air avec Ana Girardot qui, tout comme Zabou Breitman,  semble se demander ce qu’elle fait au milieu de ces trois loustics et dans ce scénario totalement dénué d’intelligence. On peine même à rire en regrettant plus que jamais la solarité d’Yves Montand et de Romy Schneider, les vieilles Peugeot, les cigarettes et ces années où les résidences secondaires ne vous transformaient pas forcement en nantis. Toute une époque…

AW

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