19 septembre 2012
Du très beau Bartabas

Voilà un spectacle à ne pas mettre entre toutes les oreilles et tous les yeux… Il faut de toutes les façons le mériter pour un parisien; prendre le risque de se perdre en voiture du côté de Romainville où l’on ne capte même plus FIP, puis atteindre Bobigny, la Rouge, avec son avenue Lenine non loin de sa bibliothèque Elsa Triollet…C’est en effet à La MC93, Maison de la culture de Bobigny, bâtiment chaleureux entre Chaillot pour la salle et la Colline pour l’allure et l’ambiance, que le chorégraphe équestre présente (après Chaillot en décembre 2010) Le Centaure et l’animal, spectacle à l’esthétique sublime qu’il a monté avec Ko Murobushi, maitre de butô, un art chorégraphique  que ce japonais plus très jeune mais au corps tel une oeuvre d’art, pratique tout en animalité. De là est née  une heure vingt de beauté lente, un enchainement de tableaux qui semblent sortis d’un atelier de Soulage-avec ce noir lumière incandescent. Le sable, le cheval, les grandes ailes en tissu, tout est de cette couleur chère à Bartabas qui tel un papillon de nuit avance, son cheval sans aucune bride, dans une concentration extrême- la préparation des chevaux a duré un an. « C’est une poésie de l’action, une poésie animale » dit-il de Lautréamont. Ainsi le texte violent des Chants de Maldoror accompagne-t’il chevaux et hommes. » Je suis seul, les poux me rongent ». Le danseur japonais se tord, le corps et le visage entièrement recouvert d’une peinture gris métallisée, la tête enveloppée au début dans un tissu comme une chrysalide; les rideaux se font luisants, c’est d’une beauté à couper le souffle. La méditation commence, avec ses passages violents comme ce cheval blanc menaçant qui traque une ombre; inspirés quand l’homme se retrouve avec une vraie tête de cheval grâce à des lumières réglées au millimètre prés, avec la même précision lorsque le dernier cheval  piaffe en arrière-aussi blanc que Zingaro était noir, paré comme un prince. Douché par une colonne de sable qui tombe du ciel, l’homme peut alors ramper vers le cheval, parfaitement immobile et le public sortir de sa léthargie méditative, en ayant l’impression d’avoir rêvé. D’autres regretteront de n’y avoir rien compris comme ces deux dames jugeant tout cela « beaucoup trop cérébral ». C’est pourtant juste à voir et à ressentir. Cela s’appelle la beauté.

 

LM

 

L’homme et le Centaure-MC93 jusqu’au 22 septembre-il reste des places à des tarifs très » 93″-de 27 à 12 euros

Reprise le 2 novembre au Fort d’Aubervilliers de Calacas pour ceux qui l’ont manqué -www.bartabas.fr

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