7 novembre 2013
Du Paris de Brassaï à celui de JP Morgan

Pour qui aurait encore des doutes sur l’importance que la photo a prise dans le marché de l’art, un détour au grand raout annuel Paris Photo qui s’installe au Grand Palais à partir de mercredi prochain s’impose. Organisé par le groupe Reed -également à la tête de la Fiac, voilà plusieurs éditions que l’on sent que les clichés vendus ici sont devenus des placements au même titre que la peinture ou la sculpture -le sponsor principal n’est autre que JP Morgan depuis trois ans… Ainsi ses riches clients peuvent-ils désormais aussi aller à LA (prononcez elle hait) d’un coup de jet pour l’édition américaine en avril prochain si’ils ratent cette 17 ème édition parisienne qui regroupe 136 galeries venues du monde entier plus des éditeurs comme Actes Sud, Taschen ou Steidl. L’entrée? 28 euros. Eh oui, à condition d’accompagner une personne « à mobilité réduite » ou vous déguiser en enfant, le tarif est à la hauteur de ce qu’attend un tel événement: pas des pauvres. Heureusement pour qui a peu de moyens, la capitale offre une multitude d’événements avec notamment le 3ème Festival Photo Saint-Germain- des- Prés du 6 au 23 novembre, qui regroupe une cinquantaine de lieux du 6e arrondissement autour cette année du thème « Visages et corps ». L’accès des galeries est bien sûr gratuit tout comme la très belle exposition que l’on peut découvrir à l’Hôtel de Ville sur Brassaï. Celui qu’Henry Miller appelait « l’oeil vivant » s’installe « pour l’amour de Paris » jusqu’au 8 mars 2014 avec une multitude de clichés mais également des sculptures bouleversantes dans une scénographie très réussie de cubes abritant par thème les photos que ce natif hongrois ne cessa de réaliser dans cette ville qu’il fit sienne dans les années 30. Jardins publics, mobilier urbain, les Halles, danseuses des Folies bergères, fêtes foraines, atelier de Picasso, aristocrates à Longchamp ou prostitués et mauvais garçons, l’homme ne connut pas de limites lorsqu’il arpenta Paris, essentiellement la nuit. Il réalisa même un film de 20 minutes à découvrir ici, filmant au Jardin des Plantes avec un montage virtuose singes, éléphants ou girafes semblant tomber en extase. Il sera également le premier à s’intéresser au « street art » avec ses photos de graffiti, traces de salpêtre ou autres murs décrépits de la capitale -merveilleuse galerie d’art primitif  avec cette idée que l’art était alors  le bien de tous. Une autre époque…

LM

Paris Photo du 14 au 17 novembre 2013 au Grand Palais-infos

Photo Saint-Germain-des-Près du 6 au 23 novembre voir programme

Brassaï, pour l’amour de Paris, à l’Hôtel de Ville- infos

Articles similaires