27 février 2016
Madame Butterfly sur Broadway

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Pour tout mélomane de passage à New York, le Metropolitan Opera – le Met pour les aficionados – constitue une étape obligée. Si la nouvelle production de Manon Lescaut où brille le ténor star Jonas Kaufmann – avant qu’il ne soit remplacé par Roberto Alagna – affiche complet en cette mi-février, on peut toujours trouver une place parmi les 3200, comme à l’orchestre où, comme partout dans la salle, les sous-titres apparaissent dans le dossier des sièges pour suivre cette Madame Butterfly  que le cinéaste Anthony Minghella avait réglé pour l’English National Opera, il y a déjà plus de dix ans à Londres, d’une fraîcheur presque aussi datée que l’inamovible mise en scène de Bob Wison, reprise à l’Opéra de Paris depuis 1993!

Puccini très grand public

A en juger par le plateau dénudé qu’a dessiné Michael Levine – décorateur qui a collaboré entre autres avec Robert Carsen –  et qui se miroite dans un plan incliné déjà vu par plus d’un amateur européen, le minimalisme de la production n’échappe à la tradition que pour se conforter dans le divertissement.  Rehaussé par les costumes bariolés de Han Feng, où ne manquent pas un éventail, et les marionnettes du Blind Summit Theatre, célébrées en leur temps comme d’une belle originalité, le spectacle calibre la charge émotive du drame de Cio-Cio San pour ne pas trop perturber un public avant tout « delighted » de se retrouver dans un lieu mythique, et prêt à l’immortaliser par d’innombrables selfies. Côté plateau, Ana Maria Martinez privilégie sans doute la souffrance à la fragilité, mais ne manque pas d’une relative crédibilité. En Pinkerton, Roberto De Basio affirme un éclat aux remords trop tardifs, aux côtés du Sharpless un rien fruste d’Arthur Rucinski.  Maria Zifchak fait entendre une Suzuki charnue, quand Tony Stevenson s’avère un estimable Goro. Pour ses débuts dans la fosse du Met, Karel Mark Chicon s’appuie sur le métier d’un orchestre qui connaît son Puccini.

GL

 

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