8 janvier 2020
Du jaune au rouge

Il y a un an, les Français descendaient dans la rue pour demander plus de pouvoir d’achat. « On n’y arrive plus » était le leitmotiv de ces manifestants que le Président Macron eut la délicatesse de qualifier de « foule haineuse » lors de ses voeux. Cette année, il était attendu sur la réforme des retraites qui bloque depuis plus d’un mois l’économie française et transforme les rues de Paris en un maelstrom où les très nombreux piétons se faufilent entre vélos, trottinettes et conducteurs enragés. Chaque jour, un journaliste est envoyé par les rédactions des chaînes de télévisions faire un direct depuis une gare pour annoner combien de TGV, Transiliens et autres métros circuleront. « La RATP conseille aux voyageurs de prendre un autre moyen de transport… » On imagine une entreprise privée qui dirait « surtout allez chez nos concurrents! » C’est pourtant ce fossé entre secteur public et privé qui s’affiche depuis des semaines avec ceux qui triment des heures pour aller travailler et ceux qui, par leur grève, les en empêchent. La CGT, entre autre, envahit avec ses drapeaux rouges rues, centres commerciaux, couloirs de métros, dépôts de bus ou de raffinerie tandis que ma pharmacienne qui a dépassé l’âge de la retraite marche une heure chaque matin, se cramponne debout sur la ligne 1 du métro pour rester ensuite dix heures debout dans sa boutique sans jamais prendre de vacances. Mon fleuriste lui se lève à un heure du matin quotidiennement pour aller à Rungis afin d’ éviter les embouteillages. A deux ans de la retraite, il est heureux de quitter le métier. Ses fournisseurs locaux disparaissent jour après jour avec des serres qui leur coûtent en hiver 40 000 euros chaque mois de fuel. Avec les soldes d’hiver, les magasins ouvrent littéralement grand leur porte, chauffage à fond. Sans doute sont-ils heureux que les Gilets jaunes ne viennent plus manifester avec la casse qui s’ensuivait tandis de l’autre côté de la planète, le rouge feu s’impose en Californie, en Amazonie et sur tout un continent qui malgré sa richesse ne peut rien faire pour l’arrêter. Une vingtaine de morts, des images apocalyptiques de forêts endémiques qui brûlent; chaque jour, des milliers d’hectares se consomment. Du territoire de la Belgique on est désormais à celui de l’Irlande. Et un chiffre abominable: un milliard d’animaux morts- à titre de comparaison, la France compte 60 millions d’animaux domestiques.  Les images des peluches vivantes que sont les koalas, brulés, hurlant, circulent dans les médias sans que personne n’ait envie de descendre dans la rue. Car le vrai scandale est là. Comment l’homme détruit la vie par intérêt financier et raisonnement à court terme comme les trois chef d’Etat concernés, tous climatoscéptique. Alors, une retraite pour quoi faire pour nos petits enfants s’ils vivent dans un monde devenu invivable? D’après les experts, 2020 sera une année pivot. Le mot est à la mode, mais en la circonstance, il est autrement plus chargé de signification.

Par Laetitia Monsacré

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