17 novembre 2012
Du bling bling à la place des jouets

Les vitrines du boulevard Haussman sont magnifiques, mais désertes. A l’image d’un magasin de luxe. Aucun enfant pour s’extasier devant les sacs Vuitton ce mercredi même s’ils sont agrémentés de pingouins ou pandas en peluche.  Autour les vendeurs ambulants se désolent. Les clients se font rares; les grands magasins se sont plantés. Appartenant désormais à des grands groupes de luxe, PPR pour le Printemps, LVMH pour le Bon Marché qui n’en a plus que le nom, ils ont misé cette année, tout comme les Galeries Lafayette et le BHV, qui appartiennent tous deux à la famille Houzé,  sur Dior, Louis Vuitton, ou le styliste Alexis Mabille (où la moindre robe est à 2000 euros) pour des vitrines au luxe clinquant, qui dans cette période de crise ne font même plus rêver. Au contraire, on est ici à la limite de l’obscène, confirmant un flirt dont les marques de luxe n’ont même plus conscience. Ce n’est en effet ni Anna Wintour- directrice de Vogue et ayant inspiré Le Diable s’habille en Prada, ni les fashionistas que l’on peut croiser lors de la Fashion week qui viennent se coller traditionnellement devant les vitrines de Noël mais des gens pour lesquels celles-ci offrent un spectacle gratuit à leurs enfants le temps d’une soirée.

Budget moyen d’un million d’euros

De ces « inutiles », commercialement parlant, pour des équipes de marketing qui semblent ne viser aujourd’hui que le touriste fortuné. Reprenant l’idée des magnifiques compositions de l’exposition Marc Jacob aux Musée des Arts décoratifs, les Galeries Lafayette ont tout de même eu l’hypocrisie de mettre des escaliers pour les enfants comme à chaque année – vides. Quant au Printemps, après Chanel l’an dernier, c’est  la marque Dior, propriété de Bernard Arnault, pourtant concurrent frontal dans le luxe du groupe PPR qui détient Gucci et Saint Laurent- les vendeuses n’en reviennent toujours pas!-qui s’affiche dans les vitrines avec des compositions certes superbes mais là encore bien peu faites pour les enfants. Le grand magasin qui fête ses 100 ans, après le Bon Marché en octobre dernier-160 ans-a par ailleurs fait appel à Swarovski, encore une marque de luxe pour son sapin central et un carrosse à faire rêver les petites filles, à condition d’entrer dans le magasin. Rien de gratuit en effet dans ces opérations Noël pour des grands magasins qui font 25 % de leur bénéfice annuel à cette période, pour un montant représentant 1/4 de leur budget annuel. Un million d’euros sont ainsi investis par les Galeries Lafayette à cette période chaque année, pour attirer quelque 200 000 clients sur les derniers week-ends avant Noël où la fréquentation est multipliée par deux. Soyez donc prévenus, si vous ne repartez pas avec un sac Dior ou Vuitton, c’est en tous cas de ces jouets-là et d’aucun autre que vous et vos enfants sont invités à rêver…

Par Laetitia Monsacré

Le luxe version Le Bon Marché, avec des panneaux sonores et animés par ailleurs très réussis.

Derrière les panneaux « toits de Paris’, les escaliers pour les enfants-pas sûrs qu’ils s’y pressent là aussi très nombreux…

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