15 septembre 2012
Du beau, du beau, du beau

Décloisonner. Voilà ce que nous avons un immense plaisir à faire depuis bientôt un an dans The Pariser. Le maitre mot également de Fanny et Laurent Piat, frère et soeur trentenaires qui ont eu envie de conjuguer leurs passions et univers communs, la danse pour la première, l’art pour le second. De cloisons il est encore et toujours question lorsqu’après avoir trouvé le lieu pour accueillir leur projet, entre l’Opéra et la Place Vendôme, les ouvriers, en ôtant les placoplâtres découvrirent, cachés derrière, les lambris oubliés de cet ancien hôtel particulier- de 500 m2 tout de même-qui fut érigé au second Empire par l’ambassadeur de Russie à Paris. Les salons y accueillirent  la vie parisienne de l’époque avant qu’une banque ne rachète le lieu en 1920 et n’ en escamote toute la magnificence- à une exception près: la cour intérieure qui fut couverte par un dôme de carreaux de verre du plus bel effet, annonçant le mélange des genres du lieu. A l’étage, c’est en effet le mariage du petit Trianon et des Bouffes du Nord qui attend le visiteur avec des patines qui donnent aux boiseries une élégance surannée et brute. On est loin du Napoléon III revu par Jacques Garcia et c’est tant mieux pour ce lieu qui a vocation selon Laurent Fiat, naguère restaurateur de tableaux et est lui même peintre de « résister aux naufrages de l’esprit« . Non , Eléphant Paname, est comme un immeuble de famille, avec ce talent d’avoir su recréer l’ univers un peu décati de ces demeures qui ont vu des générations défiler et où l’on se sent immédiatement en résonance. « Etonne-moi » disait Diaghilev à Cocteau; César  côtoie ainsi à l’étage, une petite danseuse de Degas ou une table moderne de Jean Pierre Pincemin, face à des photos magnifiques  en noir et blanc d’ Elliot Erwitt ou de Barbara Morgan; une arche de Noé ô combien inspirée et inspirante pour les artistes, plastiques ou danseurs qui auront eu accès à quatre studio de danse- unique à Paris.

La grande époque des expositions universelles

De fait, toute la  superbe des expositions universelles est ici palpable avec ce nom « Eléphant » qui rend hommage à ce pachyderme qui faillit remplacer au temps de Victor Hugo la colonne de la Bastille ou l’emporter sur l’Arc de Triomphe. Karl Lagerfeld a quant à lui su avec son talent habituel la recréer également au Grand Palais où la Biennale des Antiquaires prend ses aises, sous la sublime verrière, pour l’occasion accueillant une véritable montgolfière. De quoi mettre en valeur ce qui est sans doute le plus beau musée éphémère-où tout est à vendre- dix jours durant de la capitale, avec ce soir d’inauguration tout ce que compte la planète de riches acheteurs. Des toiles, des meubles, des sculptures mais également des « cailloux  » comme disait cette dame chez Dior, toute heureuse de montrer les siens « je suis une bonne cliente vous voyez! ». Chanel avait pour l’occasion convié comètes en diamant et Mademoiselle par Van Dongen avec une moquette si profonde que l’on pouvait presque y pratiquer la nage. Chaumet avait choisi une ambiance de cabinet avec des bijoux absolument étourdissants de raffinement, loin du blig bling de Piaget ou Bulgari qui, avec une scénographie très originale rendait hommage à leur plus emblématique cliente- Liz Taylor. Devant chez Cartier, on faisait la queue en escarpins tandis qu’un petit Hopper (format A4) objet d’une grande rétrospective ici même en octobre prochain-était proposé à 210 000 euros par une galerie new-yorkaise.  Une autre, genevoise s’était elle transformée en tombeau égyptien pour présenter des sculptures dont une magnifique tête de pharaon; une autre parisienne, Marc Maison, était tout en meubles et cheminées Napoléon III  à découvrir un verre de champagne à la main  grâce aux  buffets et bars disséminés sur ce dédale de boiseries laquées blanches posées sur une moquette grise imitant les pavés parisiens. So chic!

Palais de la République et hôtels particuliers

Ce même pavé, le vrai,  que des milliers de personnes pourront fouler ce week-end avec la 29 ème édition des journées du patrimoine à travers pas moins de 1452 lieux en Ile de France ( à comparer aux 215 en Auvergne); le thème cette année, le patrimoine caché qu’il soit souterrain -caves, carrières, en hauteur comme la Tour Saint Jacques enfin rouverte au public après des années de travaux ou dans les coulisses-Opéra, théâtres. Il y a bien sur aussi ces palais magnifiques hérités du XVII ème et XVIIIème , comme Le Conseil Constitutionnel, le Ministère de la culture, l’ Hôtel Matignon, l’Hôtel de Lassay (Ministère des affaires étrangères), L’Elysée, la Banque de France, le Quai des Orfevres, la Pitié-Salpetrière, le Sénat ou encore l’Assemblée Nationale ou l’Ambassade de Roumanie, au 123 rue Saint Dominique, avec un escalier monumental s’inspirant de celui de la Reine à Versailles  en marbre polychrome, salle de bal de style neo-rocaille vert et or, et un vrai théâtre où Gabriel Fauré dirigea son Requiem, le tout avec une ambiance un peu des Carpates où passèrent Proust, D’Annuzio, Isadora Duncan…Alors avec ce soleil, sortez et mettez vous en plein les yeux, une overdose de beauté n’ayant jamais tué personne…

 

Par Laetitia Monsacré

Eléphant Paname– 10 rue Volnay Paris 2e
Biennale des Antiquaires jusq’au 23 septembre au Grand Palais- avec trois nocturnes et une entrée à quand même 30 euros…
Journées du patrimoine les 15 et 16 septembre

                                                

Ep! L’art en mouvement, ou le mélange des genres…au premier étage d’Elephant Paname

 

         

 

    

Ecclectisme et plaisir des yeux, la Biennale est une fois encore l’occasion de stands (le mot est vraiment laid en l’occurence) éblouissants

 

 

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