21 mars 2012
Du baroque au vinyl

Joseph Haydn se retournerait-il dans sa tombe ? Ou au contraire jubilerait-il de voir son Orlando Paladino dans cette version proposée par le théâtre du Chatelet, décoiffante et déjantée? Opéra héroico-comique crée en 1782, voilà une production qui en tous cas sort avec fracas de l’oubli cette oeuvre par l’entremise de Nicolas Bouffe, plasticine génial exilé au Japon. Alors son univers fait de mangas, jeux vidéos et autres BDauquel s’ajoutent les chorégraphies de Kamel Ouali, ex coach de la Star Ac, eh bien, cela donne un spectacle qui ne risque pas…d’atterir à l’Opéra de Paris.Car à côté des mises en scène limite subversives à Bastille, on est ici dans la vraie prise de risquelorque l’on voit arriver une bergère tout de vinyle vert vêtu avec une coiffure digne de la princesse Leila dans la guerre aux étoiles. D’ailleurs de guerre il s’agit avec un livret assez incompréhensible, prétexte à des combats mais aussi des roucoulades autour desquels s’agitent moutons, coqs, lapins  et autres animaux non identifiés.

Alors disons le tout de suite, au début, cela parait limite grotesque et l’on se demande comment les chanteurs- la distribution est excellente- ont pu accepter d’être ridicule à ce point, Nicolas Buffe ou pas. La musique d’Haydn semble parasitée par cette débouche de couleurs, de mouvements qui ressemblent souvent à un cours de gymnastique, et le graphisme délirant, comme ce vaisseau spatiale en forme de tique qui remplace la cage. Danse calquée sur Pulp Fiction, souris inspirées par Art Spiegelman, lapins « Playboy », coiffure en « M », patins à roulettes, trapézistes, l’Opéra est décoiffée à la serpe mais ce miroir qui bascule pour refléter le public, cet intérieur de grotte psychédélique et chinoisant, on finit par être saisi par cette créativité délirante mais ô combien généreuse et au final jubilatoire. Une chose confirmée par un public qui de froid passe à des applaudissements nourris pour une soirée au départ improbable et au final bien réjouissante.

LM

Théâtre du Châtelet, jusqu’au 25 mars

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