31 janvier 2013
Domingo superstar à Valence

Comment ouvrir l’année Verdi de meilleure manière que sous les auspices du grand Placido Domingo ? D’autant plus dans un opéra de jeunesse injustement méconnu ? Car à plus de soixante-dix ans, cette légende du chant lyrique démontre une forme olympique. Bien sûr, les amateurs reconnaîtraient que le registre aigu n’est plus aussi insolent qu’autrefois. Mais ce serait sans compter avec l’instinct infaillible du ténor qui, suivant l’évolution de sa voix vers le baryton, a troqué les rôles de jeunes premiers sanguins pour les patriarches tourmentés, à l’instar de l’extraordinaire Simon Boccanegra qu’il promène depuis quelques années sur les scènes d’Europe et d’Amérique.

Père et fils

Et avec Francesco Foscari on peut dire qu’il fait d’autant plus mouche que le personnage de Doge cerné par la trahison semble une première esquisse de Boccanegra. On trouve d’ailleurs dans I due Foscari tous les thèmes de l’opéra de maturité – entre autres la relation filiale, véritable leitmotiv dans l’œuvre du compositeur italien. La générosité mélodique ne faiblit à aucun moment et les airs dévolus au fils, Jacopo, constituent de remarquables portraits psychologiques. Reste que l’intrigue, se développant sur deux niveaux juxtaposés – le père et le fils – manque un peu de ce resserrement dramatique qui fascine tant dans les opéras ultérieurs.

Cela n’empêche cependant aucunement de goûter airs et cabalettes, servis par des interprètes vigoureux tels Ivan Magri (Jacopo) ou Guanqun Yu (Lucrezia la belle-fille). Si la direction énergique d’Omer Meir Wellber s’accommode du dramatisme parfois un peu sommaire de la partition, la mise en scène de Thaddeus Strassberger respecte le propos mais se contente du minimum. On aurait aimé vibrer davantage avec les chanteurs, que l’on devine ça et là quelque peu livrés à eux-mêmes. Heureusement la puissante musique de Verdi a toujours le dernier mot – et l’on aimerait bien voir plus souvent sur les scènes cet opus de jeunesse. A bon entendeur…

GC

I due Foscari, Palau de les Arts Reina Sofia, Valence, du 24 janvier au 8 février 2013

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