10 décembre 2012

 

C’est à la Gare de Lyon que je pris ma décision, lorsque ma valise, chargée de livres pour les vacances de la Toussaint, me promettant de belles lectures à lire au coin du feu, eut, au moment précis où je me dirigeais vers le quai, raison du petit chariot tout neuf sur lequel je l’avais sanglée. Je pestais tout d’abord contre les misérables chinois qui osent nous vendre une camelote pareille mais la vérité était là: j’allais devoir porter ma bibliothèque ambulante tout le reste du trajet. Et payer cher cette impossibilité à choisir devant toutes ces couvertures laquelle emporter, sachant que bien sûr, je n’aurai pas le temps de tout lire. De retour à Paris, ce fut décidé, j’entrais dans la Fnac à quelques mètres de chez moi, là -même où je succombais habituellement aux livres offerts comme des promesses de solitude meublée et optais pour une liseuse, au nom improbable de Kobo Glo, taille livre de poche qui, outre de pouvoir contenir un nombre impressionnant de livres-enfin cela s’appelle de GO de stockage sur la notice- avait en plus la fonction de s’éclairer la nuit… Ultralégère, avec un look matelassé assez chic-genre sac Chanel, je mis quelques jours à l’apprivoiser. Non pas que son fonctionnement était compliqué, en fait il y avait une touche pour la mettre en marche, puis il suffisait de la brancher à un ordinateur pour charger les livres, mais bon, on ne passe pas de l’âge de papier au virtuel en un claquement de doigts. A la faveur d’un week-end et de plusieurs heures de train, je la glissais enfin dans mon sac, me sentant légère comme jamais. Je sortais l’objet une fois assise et tournais les pages avec facilité, découvrant les charmes des Hauts de hurlevents avec la possibilité de faire appel au dictionnaire si je butais sur un mot. Découvrir la lande rugueuse au bout des doigts était un exercice plutôt étrange surtout à imaginer la tête d’Emily Brontë si elle voyait ses mots défiler dans un petit carré en plastique. Reste que la lecture était aisée avec, en plus, aucun risque de perdre sa page, la liseuse restant bloquée dessus. Alors bien sûr, il manquait le plaisir de caresser le grain du papier, écorner la page sur laquelle on a envie de revenir-bien que cela soit techniquement possible-et de faire travailler sa mémoire visuelle entre page de gauche et de droite. Pas facile non plus de tricher et ouvrir à n’importe quelle page pour tomber par hasard sur le rebondissement! La lecture devient disciplinée et peut-être perd son charme…En attendant, ce Kobo a de quoi devenir le meilleur compagnon de vos voyages et le meilleur ami de votre dos…

par Laetitia Monsacré

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