25 février 2013
Des infirmières wagnériennes

Après avoir été copieusement hué à sa création l’an dernier, revoilà La Walkyrie version Günter Kramer, metteur en scène allemand dont les partis pris esthétiques n’avaient, c’est le moins que l’on puisse dire, pas franchement remporté l’adhésion du public de la Bastille- toujours prompt à se manifester. C’est pourtant bonheur que de retrouver Philippe Jordan, toujours aussi exceptionnel, qui, après Carmen enchaîne Wagner avec son élégance et son talent habituels. Alors oui, la chevauchée rendue ô combien célèbre par Copola et ses hélicoptères donne à voir des femmes en blouse blanche qui traînent des corps nus d’ hommes, oui, le plateau est souvent vide et froid mais cela ne donne que plus de force et de place aux voix qui sont dans cette nouvelle distribution, impeccables. Stuart Skelton, grand ténor australien spécialiste du répertoire wagnérien,  est réjouissant de maîtrise en Siegmund tout comme Brünnhilde que la soprano anglaise Alwyn Mellor défend avec fougue et une certaine habitude, ce rôle étant devenu un de ses « best of ».

Une dramaturgie tortueuse

Première journée de la tétralogie L ‘anneau du Nibelung, cet opéra reprend les personnages mythiques découverts dans le prélude, L’ Or du Rhin avec un livret d ‘une complexité dramaturgique –« une ratatouille boche » selon Paul Claudel- mêlant poésie et philosophie, ce qui la rend bien difficile à résumer en un article; disons que le dieu Wotan demande à sa fille Brünnhilde de défendre un homme Siegmund, poursuivi par le malheur contre un autre, Hunding jusqu’à ce que Fricka, la femme de Wotan lui ordonne de ne plus le faire lorsqu’elle découvre qu’ il forme un couple incestueux avec sa sœur. Laquelle avait été mariée de force à Hunding. La fille trahira son père sur fond de lutte entre lui et son ennemi juré, Alberich pour s’approprier l’anneau magique. Tout cela prend un certain temps, trois actes en trois heures quarante-cinq qui avait fait dire à Misia Sert, amie de Chanel et célèbre mécène de l’Entre-deux-guerres que Wagner « était  un peu long« .. À quoi sa voisine à Bayreuth, mecque absolue et exclusive du grand compositeur allemand, répondit que c’était elle « qui était un peu courte ». Voilà en tous les cas de quoi passer une belle soirée avec le grand Richard qui mit plus de vingt ans à venir à bout de sa tétralogie… Suite en avril avec Siegfried et en juin, Le Crépuscule des Dieux.

LM

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