6 novembre 2013
Des écrans et des vagues

Pour qui a déjà vécu un départ du Vendée Globe, le moment où le jour commence à baisser et que l’on voit les bateaux ne plus être que des petits traits verticaux sur la ligne d’horizon est d’une force émotionnelle rare. Livrés seuls à la mer, pour près de trois mois, voilà ce qui ressemble bien à des héros des temps modernes… On imagine alors la première nuit en mer, le froid, la solitude qui s’installe. Dans les premières images du film de Christophe Offenstein, il n’est rien de tout cela. Dès la première bouée passée, il s’agit d’aller le plus vite, aidé par des écrans, en liaison skype avec une femme restée à terre- la fin du rêve. C’est donc cela ce que l’on imaginait comme une formidable aventure humaine? Autant dire que la douche est froide même si les images de cette mer qui accueille cet équipage bourré d’électronique sont forcément captivantes et tout simplement époustouflantes. A terre, tout paraît alors fade, surtout cette femme jouée par Virginie Efira, particulièrement transparente. François Cluzet lui, tient vaillamment la barre comme à son habitude, parfait en loup de mer taiseux -de quoi souvent regretter les dialogues insignifiants et un placement de produit -merci Apple- à la limite du supportable. Le scénario ne pouvait se contenter d’une course contre soi-même; il y aura donc un clandestin à bord, un sauvetage et une victoire acquise à laquelle on renonce finalement. C’est alors seulement que l’on retrouve la figure du héros, avec toute l’émotion qui va avec. Ouf, la déception aurait été si grande…

AW

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