26 décembre 2013
Des Contes d’Hoffmann inédits

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Offenbach et Pelly, c’est assurément une histoire qui marche. Orphée aux enfers, La Belle Hélène, La Grande Duchesse de Gerolstein, La Vie Parisienne, on ne compte plus les témoignages de cette « collaboration », initiée par l’Opéra de Lyon et le Théâtre du Châtelet – le DVD en a d’ailleurs gardé la trace. Si chacun en son temps a fait ses armes dans le répertoire comique, on retrouve en cette fin d’année Laurent Pelly dans l’ultime ouvrage du grand Jacques, Les Contes d’Hoffmann, où le compositeur du Second Empire délaisse la veine satirique qui a bâti sa renommée pour  un livret inspiré par des contes fantastiques d’un célèbre compatriote allemand.
Mort avant la première, Offenbach a laissé à Ernest Guiraud le soin d’achever l’orchestration et à la postérité de réaliser les choix éditoriaux – il existe actuellement cinq versions de l’œuvre ! Héritant du travail réalisé par Marc Minkowski pour la création de la production en 2005, l’Opéra de Lyon fait découvrir une mouture inédite, avec un premier acte dans la taverne, largement étoffé, tandis que l’histoire de Giuletta se trouve condensée au maximum, et la fameuse « Barcarolle », sans reprise, sensiblement raccourcie. Les coups secs de trombone qui achèvent l’opéra accentuent l’économie de l’ensemble, cherchant un compromis original entre les épanchements lyriques et les codes de l’opéra comique – avec ses passages parlés remaniés par Agathe Mélinand, la complice attitrée de Laurent Pelly. Le metteur en scène se montre en tous cas particulièrement habile, en mettant en exergue, pour ouvrir le spectacle, Stella dans un air de Don Giovanni, « Non mi dir », où elle se produit pendant qu’Hoffmann narre ses tristes amours. Quoique noires et souvent pénombre, les lumières de Joël Adam tiennent la gageure de rester toujours lisibles, au service d’une belle scénographie, à l’instar de du balcon fuyant séparant le héros d’Antonia. Là où Robert Carsen jouait la mise en miroir de l’Opéra Bastille, Laurent Pelly n’a pas besoin d’une telle mise en abyme pour manier avec dextérité panneaux et coulisses. Une réussite, à n’en pas douter.

Spectacle habile et joli plateau

Et que l’on ne boudera pas, servie par d’excellents interprètes. Endossant les quatre rôles féminins (Olympia, Antonia, Giuletta et Stella), Patrizia Ciofi prend un plaisir manifeste à ce défi, même si, après une étourdissante Olympia, la fatigue se fait sentir au fil de la soirée. Rompu au répertoire romantique français autant qu’aux virtuosités du bel canto italien, John Osborn affirme un Hoffmann habité, au timbre et aux aigus élégants. Démoniaque jusqu’au bout des ongles, Laurent Alvaro (Lindorf, Coppelius, Docteur Miracle, Dapertutto) impressionne par sa maîtrise, son chant soigné et sa diction exemplaire. Angélique Noldus convainc tant en Muse qu’en Niklausse, tandis que l’on ne saurait résister à la composition de Cyrille Dubois, Cochenille bégayant et Frantz, le domestique mélomane et sourd, manifestement à l’aise dans ce registre comique. On sera plus réservé sur le Crespel rugueux de Peter Sidhom, tandis que Christophe incarne un Schlemil à la noirceur appuyée. Mentionnons enfin le Spalanzani de Carl Ghazarossian et la Mère, Marie Gautrot, dont la voix parvient des coulisses comme de l’outre-tombe. Secondé par les chœurs de l’Opéra de Lyon, toujours excellents, Philippe Forget assure avec efficacité la cohésion de l’ensemble.
GL

Les Contes d’Hoffmann, Opéra de Lyon, jusqu’au 30 décembre 2013

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