Novembre, c’est le mois de la photo. Avant les cimaises du Grand palais pour Paris Photo qui débute le 15 novembre pour trois jours, c’est au cœur du bas de Montreuil que l’on peut découvrir la galerie Lumières des Roses qui ose depuis 2005 la gageure de proposer des photographies d’amateurs et d’anonymes du 19ème et 20ème siècle.
Passé le grand portail industriel ouvert sur la rue, il faut faire le tour d’une large cour pavée, siège d’une ancienne menuiserie, éliminer successivement les ateliers de voiliers, de marbre de carrare et autres avant de tomber sur cette galerie en étage qui s’ouvre sur une grande table de métier au design des années 50 baignée par la lumière des verrières. Et des photographies partout, encadrées, accrochées avec soin et sobriété.
Cela fait 16 ans que Marion et Philippe Jacquier ont investi ces bureaux, dans une autre vie de producteur de films… Un espace qui est devenu aujourd’hui un lieu d’échange, délicatement chaleureux, à l’abri du bruit.
Marché aux puces et vide grenier
C’est en découvrant le travail photographique de son arrière grand-père, ancien chef opérateur des Frères Lumière puis photographe officiel du Sultan du Maroc associé à la reconnaissance que connaît depuis plusieurs années la photographie d’amateurs aux Etats-Unis, qui ont fait franchir le cap à Philippe Jacquier. «La photographie me permettait de retrouver une vraie fraîcheur, presque une naïveté, explique-t’il. Avec Marion on s’est dit allez, on prend le risque !».De marchés aux puces en vide-greniers, Philippe Jacquier chine parmi le fatras de bleuettes et autres clichés d’un dimanche en famille, la perle rare, l’image qui lui fera marquer un arrêt.« Il est toujours aisé de trouver des snapshots, ces instantanés un peu désuets mais il est très difficile de trouver ce que j’appelle la bombe, la photo forte qui va plus loin, qui a une aura, une sorte de résonance ».
Tour à tour captivante, émouvante ou insolite chaque image repose pendant parfois plusieurs mois dans une boîte à archive avant de prendre enfin sens dans un assemblage sans cesse renouvelé.
Témoignages d’amateurs
« C’est mon œil qui va élire. Nous avons maintenant plus d’expérience mais les repères restent néanmoins toujours très faibles et chaque nouvel accrochage est un challenge ».
Tirages à l’albumine, vues stéréoscopiques, autochromes ce sont autant des morceaux d’intimité que des témoignages de l’histoire de la photographie qui se donnent à voir au travers de ces images d’amateurs qui dès la fin du 19ème s’engagent dans une pratique exigeante et passionnée de la photographie.
Une magie s’opère. A l’absence de critères objectifs et autres références rassurantes -une signature, une indication de lieu, une date- ces images d’amateurs répondent par le mystère et offrent libre champ à nos associations et projections toutes personnelles.
« Hisser la photographie d’amateurs à un rang plus élevé ». La démarche est sincère et éclairée. Et fonctionne avec des particuliers comme les grands collectionneurs qui plébiscitent chaque nouvelle sélection proposée par la galerie Lumière des Roses bientôt visible à Paris Photo qui s’apprête à lui ouvrir, pour la 7ème année consécutive, les portes du temple de la photographie d’art.
Par Audrey Campion
Galerie Lumière des Roses -14 rue Jean-Jacques Rousseau 93100 Montreuil- 01 48 70 02 02