27 novembre 2018
Des bagues et des hommes/ Ecole des Arts joailliers

Quel est le point commun entre Karl Lagerfeld et feu Johnny Hallyday? Les bagues! A l’instar des tatouages, les voici redevenues à la mode chez la gente masculine avec l’exposition Bagues d’Hommes dévoilant la collection personnelle d’Yves Gastou, collectionneur et galeriste bien connu de la rue Bonaparte. L’idée? Redonner ses lettres de noblesse à cet accessoire à la signification complexe et ambiguë; symbole de pouvoir, outil de communication politique, tantôt prôné, tantôt condamné, l’attitude vis-à-vis de ce bijou fluctue au fil des siècles et des époques. Lorsqu’on s’habille, on affiche sa différence, si la boucle d’oreille apparait chez les pirates et voleurs, elle disparaît alors des têtes couronnées et lorsque la bague devient un bijou pour les belles, elle s’enfuit des doigts de ces virils barbus. L’habit ne fait pas le moine, mais y contribue.

Vanités et autres diamants gros comme le Ritz

Avec près de 500 bagues, l’exposition présentée à l’École des Arts Joailliers, à deux pas de la place Vendôme, donne ainsi à contempler des bijoux aussi bien néoclassiques que gothiques, ethniques ou religieux, ou encore des vanités et autres curiosités. Une bague d’évêque fin XIXème siècle, composée d’une améthyste taillée en ovale et d’un entourage de diamants, invite à la méditation sur la richesse de l’Église en ce temps, quand le peuple connaissait encore tellement de difficultés pour subsister. Plus loin, des bagues ornées de camées et d’intailles, en agate, onyx ou cornaline, des XVIIIe et XIXe siècles, représentent des portraits mythologiques et font rêver d’antique. Quelques pas encore et se présente une impressionnante collection de crânes, typiques du style biker américain. La scénographie, pas franchement marquante, souhaite s’inspirer d’une ambiance mystico-gothique dont on pourrait bien se passer, toute l’attention se concentrant sur les vitrines éclairées, devant des pierres précieuses ostentatoires et grosses comme des cailloux. Nulle hiérarchie n’est établie entre les bagues, et c’est tant mieux, libre à chacun d’exprimer ses préférences. Dans une société moderne où le genre n’a plus autant d’importance, où le bling bling et le chic s’expriment au travers des accessoires, où les hommes, hipsters, rappeurs, bobos ou métrosexuels portent la même attention à leur apparence que les femmes, un nouvel âge d’or de la bague émerge peut-être. « Le superflu est une chose très nécessaire », on ne saurait mieux conclure que Voltaire…

 

Par Loris Ternynck

Bagues d’Hommes, collection d’Yves Gastou, jusqu’au 30 novembre 2018 à l’Ecole des Arts Joaillers, Paris

 

 

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