26 juin 2015
Florence s’adonne à Debussy

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La malchance semble s’acharner sur cette 78ème édition du Maggio Musicale Fiorentino, l’un des plus anciens et des plus prestigieux festivals d’Italie. Après une grève lors de la soirée d’ouverture, qui avait privé le Fidelio de ses projections vidéo – que, au vu de la reprise à Madrid, l’on n’a que modérément regrettées à l’aune du propos très illustratif de Pier’Alli – c’est au tour de la représentation du 23 juin de Pelléas et Mélisande, ultime production scénique de ce cru 2015,  d’être interrompue par un problème technique à la fin du deuxième acte, laissant place à un entracte qui aurait dû avoir lieu après le troisième – le temps de résoudre l’affaire. Pourtant, par son esthétique épurée – deux tours en coupe transversale qui semblent se refléter l’une l’autre – la scénographie de Daniele Abbado – le fils du célèbre chef d’orchestre, Claudio Abbado – ne semble pas friande d’effets spectaculaires. Dans l’atmosphère qu’elle distille, on reconnaîtra pour le moins une symbolisation des éléments essentiels du drame de Maeterlinck – l’eau, le château, la pénombre – quoique la poésie puisse en sembler plus froide que nécessaire. La direction relativement statique n’y est sans doute pas étrangère – entre autres, la violence de Golaud, à mi-chemin entre l’expressivité et la stylisation, y perd de sa puissance dramatique.

Un cast entièrement italien

Côté musical, le mélomane français ne manquera pas d’être quelque peu déconcerté par la lecture très symphonique de Daniele Gatti, privilégiant la couleur et le galbe sonore, à une transparence qui détaillerait davantage le texte. Non que la diction des solistes réunis, tous italiens, ne démérite, mais la déclamation ne constitue pas le centre de gravité de l’interprétation proposée. Plus souvent confié à un baryton Martin – aigu – qu’à un ténor, Pelléas incombe ici à Paolo Fanale, qui essaie un compromis intéressant entre lumière du timbre et intelligence du texte, même si la tessiture se trouve surtout sollicitée dans sa partie basse et médium. En Mélisande, Monica Bacelli déploie une rondeur aux allures presque sensuelles, bien que relativement monochrome et moins limpide que ce qu’on y attend généralement. Roberto Frontali affirme une présence un rien monolithique en Golaud tandis qu’Arkel revient à un Roberto Scanduzzi paternel en remarquable forme. On appréciera l’intervention de Sonia Ganassi en Geneviève, plus à l’aise que dans un récent Cid à Garnier, sans pour autant faire totale illusion dans un répertoire qui ne lui est pas naturel. Mentionnons encore l’Yniold juvénile de Silvia Friagato, ainsi qu’Andrea Mastroni, en médecin et berger. A défaut de convaincre sans réserve, ce Debussy-là s’offre sous un jour qui n’est pas sans intérêt.

GL

Mai musical florentin, mai-juin 2015 – Pelléas et Mélisande juin 2015,

 

 

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