22 mai 2014
Le Festival livre ses premiers films

deux-jours-une-nuit-6-g

Gérard, Marion ou Julianne? Pour le premier, à défaut de repartir avec son peignoir, paire de menottes et martinet de la soirée organisée par la production de Welcome To New York sur la plage Nikki Beach de Cannes, vous pouvez découvrir le film coup de pub d’Abel Ferrara depuis samedi sur le web. Et cela gratuitement…( cliquez sur le site streamcomplet.com). D’aucuns jugeront cela déjà cher, vu le résultat (en plus en VF, pouah). Tout d’abord, regarder un long métrage sur un ordinateur est chose assez désagréable;  la première demi-heure est une succession de plans culs tristes à mourir, sans dialogue où notre Gégé national éructe, grogne et saute sur tout ce qui porte une jupe, donnant l’ impression très nette de se demander ce qu’il fait là. Nous aussi d’ailleurs, avec la tentation de regarder sa boite mail ou aller voir les critiques du film en ouvrant d’autres fenêtres pour échapper à l’ennui et ou au dégout, comme avec cette fouille au corps dans la prison qui offre une vue pachydermique de Depardieu, lequel ne recule semble-t’il devant rien pour interpréter son personnage. « Tu es au courant de tout », Simone/Jacqueline Bisset/Anne Sinclair en prend également plein son grade, présentée comme une femme pleine d’ambition, trésorière de son propre mari qui n’avait pas envie d’être président. Au final, la seule chose intéressante est de pouvoir visiter la maison-la vraie- qui louée 60 000 dollars par mois a accueilli le couple à New York et servi de décor au film. Voilà qui est un peu mince…mais a valu toutefois au film quelques 50 000 téléchargements en un week-end d’exploitation.

La dépression sous toutes ses latitudes

Dans la sélection, la vraie, du Festival cannois, les frères Dardenne et David Cronenberg  ont  livré leur dernier opus avec pour les premiers Deux jours, une nuit, une histoire comme ils les aiment, bien loin des paillettes et du bling bling de la montée des marches. Amusant de voir ainsi dans Paris, Marion Cotillard s’afficher en prolétaire vêtue d’un débardeur pas franchement glamour sur les affiches du film juste à côté des pubs Dior où elle porte l’équivalent de la prime de tous ses collègues réunis dans ce film où elle leur demande d’y renoncer pour sauver son job.  Cela n’enlève rien à son jeu où elle lutte autant contre elle-même que le monde sans pitié de l’entreprise. Dépressive, avalant son Xanax comme des cacahuètes, elle va lutter grâce à l’aide d’une collègue et de son mari pour sinon retrouver son job, au moins récupérer sa dignité et le goût de vivre. Cela mérite-t’il une troisième Palme d’or pour les Dardenne? Pas sûr mais ce cinéma réaliste parait bien salutaire même si d’aucuns lui préféreront les délires surnaturels de David Cronenbreg qui livre dans son dernier film, Maps to the stars, un portrait au vitriol d’Hollywood. Julianne Moore ose tout dans ce rôle d’actrice sur la touche (enfin vu son corps à 54 ans, il y a de quoi se dire qu’elle le vaut bien), tandis que le scénario entremêle superficialité et détresse profonde, non sans talent. La fin un peu gore est du Cronenberg pur jus, bien loin des clairs obcurs de La Chambre bleue de Matthieu Almaric, présenté dans une Certain regard, ce qui le fait passer en comparaison à une douce berceuse pour enfants.

Enfin, pour tous les « empêchés d’aller à Cannes », le Forum des images offre la reprise de la Quinzaine des réalisateurs du 28 mai au 7 juin, le Gaumont Opéra, du 23 au 25 mai, une sélection de 12 films en compétition sur les 18 dont Saint Laurent, l’homme qu’on aimait trop de Téchiné, Jimmy’s hall de Ken Loach ou encore Mr Turner et le Reflet Médicis, du 28 mai au 3 juin, la rétrospective des films présentés à Un certain regard. Au vu de la météo, voilà de quoi se laisser tenter…

AW

Articles similaires