26 octobre 2013
De l’ivresse à la chute

Une salle pleine et sur la scène, une pièce au texte enlevé, jouée par de très bons comédiens. Voilà qui n’est pas au théâtre si fréquent et mérite d’aller découvrir sans tarder ce Zelda et Scott de Renaud Meyer qui revient tout en finesse et non sans humour sur ce couple emblématique que furent Francis Scott Fitzgerald et sa femme Zelda, cette » beauté du Sud » au sacré tempérament. Autant dire que le choix de Sara Giraudeau s’imposait, désarmante lorsqu’elle se justifie de ses passades « il veut faire de moi une actrice, alors je l’embrasse sur la bouche de temps en temps » et diablement irrésistible lorsqu’elle se trémousse en déshabillé devant son écrivain de mari, parfait Julien Boisselier, déjà bien imbibé, alors que leurs invités les attendent dans la pièce d’à côté. Les répliques fusent, la mise en scène est inventive et un vrai jazz band sur scène achève de replonger le spectateur dans ces délicieuses années 20, années folles, cette époque bénie de leur rencontre où Scott disait à Zelda: « Avec toi, l’enfer est aussi beau que le paradis. Je crois même que je le préfère… »La suite ne sera malheureusement que désenchantement comme souvent chez les êtres qui vivent plus fort que les autres et se brulent les ailes à un soleil bien plus fort qu’eux. Panne d’inspiration pour Scott, folie pour Zelda dont son mari s’inspirera sans gêne des journaux intimes pour ses romans, ces deux-là finiront broyés contrairement à leur ami, Ernest Hemingway-impeccable Jean-Paul Bordes- qui saura quitter le navire de ce que l’on nomma la » génération perdue » avant qu’il ne sombre.

LM

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